Guinée : les syndicats sur le pied de guerre


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Les centrales syndicales guinéennes ont décidé lundi de durcir le ton, au sixième jour de leur grève générale, après un bref entretien entre leurs responsables et le président Lansana Conté. Alors que la grève est toujours suivie, des tirs à l’arme à feu ont été entendus dans la nuit de lundi à mardi et ce mardi dans la capitale Conakry.

Avec Panapress

« Nous sommes sur le pied de guerre contre le pouvoir parce que nous estimons que Conté nous donnera difficilement satisfaction », a déclaré lundi Ibrahima Fofana. Le secrétaire général de l’USTG (l’Union syndicale des travailleurs de Guinée), membre de l’intersyndicale à l’origine de la grève générale démarrée le 10 janvier dernier, s’exprimait à l’issue d’une brève entrevue avec le Président Lansana Conté. Réunis en assemblée générale à la Bourse du travail de Conakry, les responsables syndicaux ont estimé que le chef de l’Etat les a « nargués » en les recevant devant le ministre des Transports, par ailleurs son beau-frère, dont ils réclament le limogeage.

Dans leurs doléances, remises vendredi, lors d’une première rencontre, au Président Lansana Conté, les syndicalistes demandent notamment la mise en place d’un gouvernement de large consensus dirigé par un Premier ministre qui devra relancer l’économie, restructurer l’administration et améliorer l’image du pays. L’intersyndicale exige également le respect du principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs et demande la poursuite de la procédure judiciaire contre l’homme d’affaires Mamadou Sylla et l’ancien ministre des Sports, Fodé Soumah, accusés de détournement de deniers publics. Le chef de l’Etat, pourtant affaibli par la maladie, est allé en personne les sortir de la maison d’arrêt le 16 décembre dernier.

Des tirs à l’arme à feu entendus

Par ailleurs, des incidents ont éclaté lundi dans plusieurs quartiers de la banlieue de Conakry entre les forces de l’ordre et de jeunes manifestants. Selon des témoins, la police a procédé à des interpellations musclées parmi les manifestants qui voulaient se rendre au siège de l’Assemblée nationale où le Conseil national des organisations de la société civile (CNOSC) avait prévu « une prière collective pour la paix et le développement de la Guinée ». Des tirs ont également été entendus dans la nuit de lundi à mardi et ce mardi dans la capitale guinéenne. L’employé d’une banque joint par Afrik a expliqué ne pas savoir qui en était à l’origine, estimant qu’il pouvait s’agir de « tirs contre des pillards ».

Samedi dernier, des éléments de la brigade antigang avaient déjà arrêté une dizaine de sympathisants de la Société civile guinéenne, au siège du CNOSC, dans le quartier populaire de Dixinn, a appris la PANA de source autorisée. Ils étaient sur les lieux en vue de prendre part à une réunion d’information sur les stratégies de la marche du CNOSC programmée lundi.

Les grèves en Guinée donnent rarement lieu à l’installation de piquets, expliquait en avril 2006 Rabiatou Diallo, secrétaire générale de la CNTG (Confédération nationale des travailleurs de Guinée), à Afrik. Les Guinéens sont appelés à rester chez eux afin d’éviter tout incident avec les forces de l’ordre, comme ce fut le cas en juin 2006, où une dizaine de personnes ont été tuées lorsque l’armée a tiré à balles réelles. Mais le CNOSC avait indiqué bien avant le déclenchement de la grève son intention de faire sortir la population dans la rue, le 15 janvier, pour manifester son ras-le-bol face à « la situation économique préoccupante » que traverse le pays.

L’ONG sénégalaise Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme), à Dakar, a dénoncé dans un communiqué l’indifférence de la communauté africaine et internationale face à la situation en Guinée. Elle invite la CEDEAO, l’Union africaine et l’ONU à faciliter le dialogue national et la sortie de crise dans le pays. Une manifestation est prévue samedi prochain devant l’ambassade de Guinée en France afin d’exiger du président guinéen le respect de l’Etat de droit dans son pays.

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