La guerre civile qui ravage depuis dix ans le Sierra Leone a provoqué le déplacement de plusieurs vagues successives de réfugiés vers la Guinée. Les camps de la région de Forécariah se trouvent à dangereuse proximité de la frontière et sont pris entre deux feux lors des attaques transfrontalières qui font rage entre les deux pays.
La Guinée accueille 330 000 réfugiés sierra-léonais, selon les chiffres du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR). Des dizaines de camps de réfugiés se répartissent dans le pays, et notamment dans la région de Forécariah, à la frontière avec le Sierra Leone. Les conditions de vie y sont très éprouvantes, à tel point que certains réfugiés préfèrent retourner dans la tourmente de leur pays en guerre. Le HCR a enregistré quelques 10 000 retours, dont 6 000 venant de Forécariah et qui se sont rendus dans la région de Freetown, à Loungi, près de l’aéroport.
» D’autres groupes se sont également déplacés, mais dans des régions contrôlées par le RUF et auxquelles nous n’avons pas accès » explique Delphine Marie, porte-parole du HCR. » On ne peut pas assister ces personnes tant qu’elles ne viennent pas dans les zones protégées « , poursuit-elle. La vie dans les camps est épouvantable, mais la porte-parole avoue ne pas avoir beaucoup d’informations sur les possibles violences dont sont victimes les réfugiés sierra-léonais en Guinée. Des attaques à la frontières ont lieu, mais elles ne visent pas particulièrement les réfugiés. Ces derniers constituent évidemment une population très vulnérable et le HCR a remarqué des mouvements de panique qui suivent les bombardements et qui donnent lieu à des mouvements de population entre les différents camps.
Transferts de réfugiés
Selon Delphine Marie, il faut transférer les camps plus au centre dans le pays : » Le HCR avait commencé a déplacer 32 000 personnes l’année dernière, mais l’opération a dû être interrompue à cause de problèmes financiers. » Le gouvernement guinéen a proposé six lieux pour les transferts et le HCR, après des études de faisabilité (conditions géographiques, de terrain, proximité d’un point d’eau…), en a retenu quatre. » Il nous faut à présent l’aide des bailleurs de fonds. Nous avons calculé qu’il nous faudrait 13 millions de dollars pour transférer 125 000 réfugiés » explique Delphine Marie.
Elle poursuit : » Tout notre staff a été rappelé à Conakry à la mi-septembre. Depuis, nous faisons des missions ponctuelles du point de vue de la sécurité, du point de vue médical et nutritionnel. » Les équipes du HCR ont ainsi pu constater une aggravation de la malnutrition dans certains camps. Le HCR a repris les distributions de nourriture depuis deux semaines, notamment à Forécariah, » qui constitue une sorte de test pour voir si on peut reprendre les opérations. Mais la sécurité semble s’être améliorée : il n’y a pas eu d’attaques depuis plusieurs jours. » note la porte-parole. La Guinée, qui s’est engagée à respecter la convention des Nations Unies de 1951 sur les réfugiés, semble prête à se comporter comme un vrai pays d’accueil, malgré ses très faibles ressources.