Nouhou Thiam, chef d’état-major général de l’armée, a annoncé mercredi que tous les militaires devront répondre de leurs actes. Notamment pour les massacres du stade de Conakry, en septembre 2009.
« Chacun va répondre de ses actes, chacun ira expliquer pourquoi il a tué, qui lui a donné l’ordre de tuer », a déclaré Nouhou Thiam mercredi. Le chef d’état-major général de l’armée guinéenne en tournée de sensibilisation dans les casernes du pays n’y est pas allé par quatre chemins. « L’armée guinéenne ne doit pas être une armée de brigands, de voyous, une armée de pirates, mais plutôt une armée républicaine, une armée responsable parce que la Guinée est un grand pays », a poursuivi le chef de l’armée. Pour faire le ménage, Nouhou Thiam en a fait la promesse : il livrera à la justice tous les militaires guinéens accusés de crimes contre la population.
« Tous ceux qui ont commis des crimes, qui ont tué des gens, que ce soit maintenant ou avant, répondront de leurs actes ». Il faisait notamment allusion à la journée du 28 septembre 2009, où un rassemblement pacifique avait dégénéré en bain de sang. Au moins 157 personnes avaient trouvé la mort au stade de Conakry, où l’on a également pu déplorer de nombreux viols. Une commission d’enquête mise en place par l’ONU a mis en cause plusieurs militaires.
« Rendre des comptes »
« Si une commission d’enquête dénonce un militaire, je le livre immédiatement », a menacé Nouhou Thiam. Il ira s’expliquer parce que moi je n’ai jamais dit à quelqu’un d’aller tuer la population », a-t-il ajouté, faisant allusion au capitaine Dadis Camara actuellement en convalescence à Ouagadougou. L’ex-chef de la junte est accusé d’être l’instigateur des massacres du 28 septembre, selon une commission d’enquête internationale.
Le patron de l’armée faisait cette déclaration alors qu’une dizaine d’officiers supérieurs de l’armée guinéenne proches de Moussa Dadis Camara ont été détenus quelques jours par la gendarmerie près de Conakry, avant d’être libérés lundi. Ces officiers devaient « rendre des comptes » pour « clarifier » des gestions « opaques », avait déclaré le colonel Thiam après leur arrestation.
Le président par intérim Sékouba Konaté se montre, depuis le début de la transition, favorable à une discipline de fer dans les rangs de l’armée, trop longtemps habituée à régner en maîtresse sur le pays.