Tous unis contre la candidature du capitaine Moussa Dadis Camara, au pouvoir depuis décembre dernier, au scrutin présidentiel de 2010. Le Forum des forces vives de Guinée a invité ce dimanche le peuple guinéen à se mobiliser contre la tentative de « confiscation du pouvoir » par le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) et son leader.
Le Forum des forces vives de Guinée (FFVG), qui regroupe l’essentiel des forces politiques, sociales et économiques de la Guinée, a fait dimanche une déclaration dans laquelle il s’oppose à la tentative de «confiscation du pouvoir » par la junte. Le mouvement dénonce « la monopolisation des médias d’Etat et l’usage abusif des fonds publics à des fins de manipulations et de propagande en vue de promouvoir et soutenir la candidature du capitaine Moussa Dadis Camara » à la magistrature suprême.
Par ailleurs, le FFVG a tenu à rappeler les engagements du chef de l’Etat lors de sa prise de pouvoir. Ni lui ni aucun membre du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) et du gouvernement ne devaient être candidats à la présidentielle du 31 janvier 2010. Cette promesse avait encouragé les forces vives à accompagner la junte pour «une transition consensuelle et apaisée.» Mais aujourd’hui, tout porte à croire que la rupture est consommée. Comme l’a indiqué dimanche, sur une radio étrangère, l’ancien Premier ministre François Loucency Fall.
Le FFVG « déplore » également le contenu du communiqué du gouvernement du 22 août dernier, dans lequel, il est stipulé que tous les membres de la junte et du gouvernement, y compris le Premier ministre ont le droit de se présenter aux élections présidentielles. Pour les forces vives, une telle situation « compromettrait la transparence, la crédibilité et l’équité » du scrutin. Aussi, rejette-t-il, le Conseil national de la transition (CNT) dans sa composition actuelle. Il comprend 244 membres alors que le Forum en avait proposé 147.
La junte doit «respecter ses engagements»
La France a, elle aussi, appelé lundi le leader de la junte à « respecter ses engagements pour que ses membres ne se présentent pas aux présidentielles ». « La tenue d’élections libres et transparentes en Guinée en 2009 constitue pour la France, comme pour ses partenaires de la communauté internationale, une priorité », a souligné lundi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevalier. La semaine dernière, Paris avait déjà regretté le report des élections législatives et présidentielles. Elles se tiendront respectivement en janvier et mars 2010.
Pour l’heure, le capitaine Dadis Camara reste imperturbable. Dimanche, le président guinéen a encore affirmé que « personne » ne pourrait lui interdire de se présenter aux élections présidentielles. « Si les forces vives veulent m’empêcher d’être candidat, c’est qu’ils n’ont rien compris à la démocratie », avait-il affirmé dimanche soir lors d’une interview accordée à RFI et à l’AFP au camp militaire Alpha Yaya Diallo, quartier général de la junte depuis son arrivée au pouvoir en 2008. Pour l’heure, aucune annonce officielle n’a était faite sur son éventuelle candidature.