Lundi soir, lors d’une conférence de presse, les femmes de l’ADP et du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition ont dénoncé le comportement de la présidente du Conseil national de la transition, Hadja Rabiatou Sérah Diallo. Ces femmes ont accusé la présidente de comploter avec le président guinéen Alpha Condé.
(De notre correspondant)
Les femmes de l’opposition composées entre autres de Hadja Biya Diallo de l’UFDG, Aissata Daffé et Tamar Thiam de l’UFR, Ramatoulaye Sow du PEDN, Aissatou Fafa Baldé de l’UFC et Maimouna Baldé des NFD sont montées au créneau pour dénoncer ce qu’elles ont appelé un « complot constitutionnel en cours ».
« Il s’agit d’une immixtion manifeste de l’exécutif dans le fonctionnement du législatif et d’une violation flagrante du principe intangible d’indépendance et de séparation des pouvoirs, fondement essentiel de tout régime démocratique », ont-elles dénoncé. En se prêtant à cette pratique, ajoutent-elles, « Hadja Rabiatou Sérah Diallo a non seulement trahi de façon délibérée l’institution qu’elle préside, mais elle contribue à favoriser la dérive autocratique en cours dans notre pays », ont prévenu les femmes des deux blocs de l’opposition.
D’où vient le problème ?
Les conférencières expliquent en ces termes : « Après un travail ardu des commissions du CNT, des conseillers avaient abouti à une proposition de loi organique portant sur la restructuration de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante, ndlr). Ce projet avait obtenu l’approbation de six commissions sur les neuf que compte le CNT. Malheureusement, le Président Alpha Condé ayant eu vent de ce projet a convoqué la présidente Hadja Rabiatou Sérah Diallo et le premier vice président du CNT pour les accuser de complot et les amener à interrompre la procédure d’adoption de cette proposition. L’aboutissement de ces démarches illégales a été d’une part le report sine die de la plénière du CNT initialement prévue le 8 août, d’autre part, la mise en place précipitée en catimini d’une commission réunissant des membres du CNT et d’autres institutions étrangères au CNT notamment le Conseil économique et social, le Conseil national de la communication, présidé par Mme Martine Condé ancienne directrice de la communication du président Alpha Condé. Cette commission a effectivement soumis au Président de la République trois variantes de restructuration de la CENI y compris celle initiée par le Président Alpha Condé qui consiste en une restructuration partielle de la CENI assortie du maintien de Lounsény Camara à sa tête. Le président Alpha Condé sachant bien l’objectif qu’il vise a exigé que le document soit signé par les présidents des institutions républicaines à savoir Hadja Rabiatou Sérah Diallo, Michel Kamano et Martine Condé », ont-elles fait savoir dans leur déclaration.
Par ailleurs, les femmes ont regretté une fois encore que des femmes soient manipulées. « Comme il fallait s’y attendre, le Président a choisi sa variante qui a été approuvée par le gouvernement et transmise au CNT. Les femmes du Collectif et de l’ADP rejettent catégoriquement ce projet de loi, car il s’agit d’un texte illégal et anti constitutionnel qui porte dangereusement atteinte à la séparation des pouvoirs garantis par la constitution. En effet, si selon la constitution le président de la République partage concurremment avec le CNT le pouvoir d’initiative des lois, rien ne l’autorise à interrompre une procédure parlementaire de vote d’une loi, pour lui substituer une proposition élaborée par une commission ad hoc », concluent-elles.
« Personne ne me fera démissionner »
Pour répondre à ses détracteurs, la présidente du CNT, Hadja Rabiatou Sérah Diallo a laissé entendre, au cours d’une plénière tenue le 25 août, que personne ne pourra la faire démissionner de son poste. Selon ses propos, seul le syndicat duquel elle est issue peut lui demander de démissionner.
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