Une conférence de presse portant sur la relance des audits s’est déroulée, mercredi, à la radio télévision guinéenne (RTG-Koloma). C’est le chef de l’Etat, Moussa Dadis Camara, qui a finalement présidé la rencontre en lieu et place du président du comité d’audits, le deuxième vice-président de la junte, en mission à l’étranger.
Notre correspondant en Guinée
Sur la question des audits, le chef de l’Etat et président du conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), Dadis Camara, a expliqué, mercredi, que ce sont les sages du pays qui sont venus le voir pour lui conseiller de sursoir aux audits au nom de la préservation de la paix sociale. Quant à lui, il dit avoir stoppé ces audits pour éviter des «guèguerres» ethniques. « Mais comme c’est le peuple qui réclame les audits, même les forces vives, alors les audits seront menés », a-t-il affirmé.
Mais en réalité, Dadis Camara est opposé à cette opération. Une opposition qu’il a exprimée à mots couverts : « J’ai la possibilité à partir des audits de disqualifier des gens. Mais, je ne le ferai jamais. » Il redoute sans doute d’éventuels soulèvements sociaux en raison de la popularité des leaders auxquels il fait allusion. C’est le cas de l’ancien Premier ministre Cellou Dalhein Diallo, de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), sur lequel les soupçons de détournements pèsent le plus.
Pas de chasse aux sorcières
Après un long exposé, Dadis Camara a passé la parole aux chargés des audits. Le Dr. Ousmane Kaba, ancien ministre des finances sous le général Conté, a expliqué la démarche. Pour lui, les audits visent à éradiquer la mal gouvernance, l’impunité. Sur cette lancée, il a informé que le dernier classement de l’ONG Transparency International révèle que sur 180 pays, au plan de l’indice de développement humain, la Guinée se classe 173 ème, et les sept pays qu’elle devance sont tous en guerre. Ce qui veut dire, a conclu le Dr. Ousmane Kaba, que la Guinée est actuellement le pays le plus corrompu de la planète.
Pour tenter de dissiper les inquiétudes, le Dr. Kaba a assuré qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières, pas de règlements de comptes. Ces audits concerneront certains services et entreprises. Parmis eux : futurelec-Holding, Friguia, Air Guinée, BCRG, Fonds Koweitien, Fonds d’entretien Routiers, SMD, SAG, Société Navale Guinéenne…
Ces audits iront-ils jusqu’au bout ? C’est la question qui circule sur bien des lèvres à Conakry, où nombre de Guinéens sont sceptiques.