Guinée : le Président Lansana Conté aurait échappé à une tentative de coup d’Etat


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Des coups de feu ont été tirés en direction du cortège du Président guinéen Lansana Conté, mercredi 19 janvier 2004 dans l’après midi, dans le quartier d’Enco 5, alors que le chef de l’Etat avait quitté le palais présidentiel pour se diriger vers le centre ville de Conakry. Un incident qualifié de « coup d’Etat » par l’entourage du numéro un guinéen, alors que les circonstances et les auteurs de la fusillade restent pour l’heure obscurs.

« Tentative d’assassinat » à l’encontre du Président. C’est ainsi qu’a qualifié le ministre guinéen de la Sécurité, Moussa Sampil à Radio France International (RFI), les coups de feu tirés mercredi sur le cortège de Lansana Conté, le chef de l’Etat guinéen, dans le quartier d’Enco 5 à Conakry. Sampil, qui a qualifié l’acte d’« attentat », a néanmoins précisé que Lansana Conté n’avait cependant « rien eu » et qu’il se portait « très bien ». Si l’AFP dispose de plusieurs témoins dudit acte, le Président et son entourage ont dénoncé implicitement un « complot de ceux qui veulent faire main basse sur l’Afrique ». Les circonstances et les auteurs de la fusillade restent encore obscurs. Ce supposé coup d’Etat intervient dans un pays miné par les mouvements sociaux, et dont le gouvernement emprunt aux critiques virulentes de l’opposition.

Selon l’AFP, plusieurs témoignages avaient fait état de coups de feu, contre ou depuis le cortège présidentiel mercredi dans le quartier d’Enco 5. Le cortège du président Conté avait par la suite été vu par des témoins roulant à très vive allure du centre-ville jusque dans l’enceinte du palais présidentiel. L’Agence de presse de l’ONU fait état de deux gardes du corps grièvement blessés au cours de la fusillade. Selon l’une de ses sources, un passager du véhicule aurait bien été tué. L’identité des auteurs reste inconnue.

La police à pied d’œuvre

« L’acte de ce matin ne fait que confirmer ce que nous avons toujours dit et dénoncé : les complots contre le régime. Les enquêtes sont en cours actuellement et elles évoluent très bien », a ajouté le ministre à RFI sans ajouter de détails. Moussa Sampil a précisé que des « interpellations » ont eu lieu, en promettant de donner des précisions dans « les jours à venir ». Il a par ailleurs indiqué que les autorités avaient pris d’importantes mesures de sécurité à la suite de ces tirs. Mesures « tout à fait normales, quand il y a une tentative d’assassinat sur la personne du chef de l’Etat ». Le chef de l’Etat, qui avait dans un premier temps appelé la population à garder son calme, s’est empressé dans la nuit de mercredi à jeudi sur la télévision d’Etat, de dénoncer implicitement un complot de « ceux qui veulent faire main basse sur la Guinée » et de ceux « qui ne veulent pas du développement de l’Afrique ».

Traversée par une crise économique sans précédent, la Guinée est actuellement secouée par d’importants mouvements sociaux. Le 10 janvier dernier, les enseignants ont déclenché une grève de deux semaines pour réclamer de meilleures conditions salariales. Quelques jours auparavant, plusieurs centaines d’employés d’entreprises sous-traitantes d’une compagnie de mines se sont heurtés aux forces de l’ordre à Fria (à 150 kilomètres au nord de Conakry) alors qu’ils réclamaient le dû de leur salaire, rappelle l’AFP. Lors de cette protestation et selon un bilan officiel une personne a été tuée et neuf autres ont été bléssées.

Lansana Conté, 67 ans , est un ancien colonel de l’armée arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat en 1984. Durant ses 21 années de régime, l’Homme a réchappé à plusieurs coups de force. Notamment en 1996, où des troupes dissidentes avaient bombardé le palais présidentiel avec des canons, et l’avaient ainsi réduit en cendres. Aujourd’hui, l’homme qui souffre de diabète chronique, ne peut plus se déplacer sans assistance. Le présumé coup d’Etat de mercredi intervient un an après la prestation de serment de Conté le 19 janvier 2004, quelques jours après sa réélection. Une « coïncidence malheureuse » pour la radio nationale, mais néanmoins « non fortuite ». La réélection de Lansana Conté avait été virulemment contestée par les plus grands partis de l’opposition, alors que le Général Conté a remporté 95, 25% des voix devant un seul adversaire d’un petit parti, Mamadou Bhoye Barry.

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