Le président guinéen Lansana Conté a limogé mardi son premier ministre. Nommé en 2007 après une vague de contestation contre le chef de l’Etat, Lansana Kouyaté a été remplacé par le technocrate Ahmed Tidiane Souaré. L’ancien ministre des Mines, présenté comme proche du président, a d’ores et déjà annoncé qu’il n’était pas contre la formation d’un gouvernement incluant des membres de l’opposition.
Le bruit d’un remaniement gouvernemental courait depuis un moment en Guinée. Mardi, le président Lansana Conté a mis fin aux rumeurs en limogeant par décret son premier ministre. Lansana Kouyaté, débarqué pour insuffisance de résultats, avait été nommé en février 2007, notamment sur proposition des syndicats, pour calmer les violentes manifestations anti-Conté.
Pour un gouvernement d’ouverture
L’arrivée de Lansana Kouyaté à la tête du gouvernement avait permis de taire la révolte, qui avait fait 137 morts et 1 700 blessés, selon un bilan officiel. Mais ses détracteurs lui reprochent de n’avoir pas soulagé le quotidien des Guinéens, qui peinent depuis des mois à suivre l’augmentation des denrées alimentaires et de l’essence. Ce à quoi ceux qui soutiennent l’ancien numéro deux guinéen répondent que les proches de Lansana Conté, avec qui il entretenait des relations tendues, l’ont empêché de prendre les mesures qui auraient permis d’améliorer la situation.
Quoi qu’il en soit, c’est désormais le technocrate Ahmed Tidiane Souaré qui va assurer la direction du gouvernement. L’ancien ministre des Mines (2004-2006), présenté comme proche du président, n’a pas encore d’idées claires sur la composition de son équipe. Interrogé par RFI, il a cependant déclaré ne pas être réfractaire à la nomination de membres de l’opposition : « C’est une question à laquelle on va réfléchir, il faut que je partage avec le Président de la République. Ma conviction est qu’il n’y a pas d’exclusion à priori dans la gestion du pays ».
Respect des accords de février 2007
Pour l’ingénieur géologue de formation, réputé pour sa discrétion et son sérieux, un gouvernement d’union nationale permettrait d’« éviter à notre pays de sombrer dans un cataclysme destructeur comme au Liberia, en Sierra Leone, en Guinée Bissau et en Cote d’Ivoire ». Ahmed Tidiane Souaré n’a pas de programme concret, mais il a indiqué que sa « priorité » était « la poursuite du changement ». Un changement qui pourrait passer par une meilleure redistribution des recettes minières, qui devraient croître, si l’on en croit les compagnies étrangères désireuses d’exploiter le sous-sol guinéen.
Du côté des syndicats, on reste prudent. « Nous attendons de voir, pourvu qu’on ne nous ramène pas les anciens prédateurs », a expliqué Rabiatou Sérah Diallo, la secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée, l’un des plus puissants syndicats du pays. L’une des craintes des organisations syndicales est qu’Ahmed Tidiane Souaré balaye les accords que le président Conté a pris le 27 février 2007 pour mettre fin à la crise populaire. Sur ce point, le nouveau premier ministre a promis de ne pas décevoir : il s’est engagé à respecter les engagements de Lansana Conté.
Photo : Guinée News