Guinée: le général Konaté tend la main aux civils


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Un mois après son arrivée au pouvoir, le général Sékouba Konaté a enfin pris ses responsabilités. Hier soir, dans un discours radiotélévisé, le président par intérim de Guinée s’est adressé à la nation. Dans ce discours, le général Konaté a dévoilé son programme politique, dans lequel il prévoit la mise en place d’un gouvernement d’union nationale dirigée par un Premier ministre issu de l’opposition.

Notre correspondant en Guinée

Mercredi soir, après une importante réunion du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) – que de nombreux observateurs estiment être la première du genre –, le président par intérim de Guinée, Sékouba Konaté, a annoncé d’importantes décisions. Parmi celles-ci, la nomination d’un nouveau premier ministre issu de l’opposition, la sécurisation des populations, la mise en place d’un gouvernement d’union nationale chargé de conduire la transition à son terme.

Au nom de la junte et du gouvernement, il s’est d’autre part engagé à garantir la sécurité des opposants contraints à l’exil, faute de sécurité. Il les invite à rentrer au pays pour participer à la construction d’une Guinée nouvelle et prospère. Des unités mixtes de sécurité (armée, gendarmerie, police) devraient être mises à leur disposition en vue de garantir leur sécurité partout sur le territoire national. Les échos de cet appel sont déjà favorables. Ainsi, l’opposant Sidya Touré, président de l’Union des forces républicaines (UFR), en exil forcé à Paris, a promis, sur les antennes de RFI, de retourner en Guinée d’ici à la fin de cette semaine.

Dadis Camara hors jeu pour une durée indéterminée

Le général Konaté a également apporté quelques éclaircissements au sujet de l’état de santé du leader de la junte, Moussa Dadis Camara hospitalisé à Rabat (Maroc), expliquant que son retour en Guinée n’était pas à l’ordre du jour. « Par la grâce à Dieu et à nos ferventes prières, sa vie n’est pas en danger. Mais il faut du temps, de la patience, il y a un suivi médical pendant un certains temps pour qu’il se rétablisse totalement. ».

Selon le président par intérim, la Guinée, pour être respectable et fréquentable, a besoin de créer les conditions d’un retour à la démocratie. Apparemment pressé d’accélérer le nouveau processus de transition, il a exhorté les forces vives à une large concertation de tous les acteurs politiques et sociaux pour la mise en place rapide d’une nouvelle autorité de transition.

Vers la fin de la médiation de Blaise Compaoré?

Certains observateurs parlent déjà de la fin de la médiation du président burkinabè Blaise Compaoré. Les prochaines concertations sur la crise politique pourraient se dérouler entre Guinéens à Conakry, estiment t-ils. Blaise Campaoré avait été désigné par ses pairs de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en octobre dernier, pour aider les différentes parties à trouver une solution à la crise guinéenne. Mais son action n’avait pas convaincu les forces en présence.

Quoi qu’il en soit, à Conakry, le discours du nouvel homme fort de Guinée, est favorablement accueilli. Surtout dans les milieux politiques. Sur les antennes de la presse étrangère, l’opposant Jean Marie Doré, secrétaire général de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG), a salué cette main tendue du général Konaté. Il en a été de même pour Bah Oury, vice-président du parti de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG).

Le président par intérim ne s’est pas prononcé sur une possible candidature à la présidentielle d’un membre de la junte et de la nouvelle autorité transitoire. Mais tout porte à croire que Sékouba Konaté, s’il tire les leçons de la gestion de son ami Dadis Camara, évitera de commettre les mêmes erreurs que ce dernier. D’ailleurs, le général Konaté a menacé de démissionner si on lui mettait des bâtons dans les roues.
Cependant, la question du sort des certaines de têtes influentes du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, parti de la junte au pouvoir) et qui sont actuellement dans le gouvernement, reste pendante. Les semaines à venir seront déterminantes pour l’évolution politique de la Guinée.

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