La synthèse proposée par le médiateur Blaise Compaoré est une déception pour l’opposition. La principale exigence des Forces vives, qui porte sur le départ de la junte du pouvoir, a été écartée par le président burkinabè. Le pouvoir militaire guinéen s’en trouve satisfait, d’autant que l’accord laisse au capitaine Dadis Camara, chef de la junte, la possibilité de se présenter à l’élection présidentielle en 2010.
Le mot d’ordre du médiateur dans la crise guinéenne est simple : faire des concessions. Le président burkinabè Blaise Compaoré a remis jeudi soir aux représentants de la junte et aux Forces vives ses propositions de sortie de crise. La Guinée est plongée dans une impasse politique, depuis notamment le massacre du 28 septembre dernier au stade de Conakry.
Le scénario suggéré est loin de réjouir les Forces vives dont la principale exigence a été ignorée. « Nous ne nous sommes pas encore concertés (au sein des Forces vives). Mais c’est un document partial et partiel. Nous rejetons fermement de telles propositions. Accepter ça, ça veut dire que les gens sont morts pour rien », a déclaré ce vendredi à l’AFP un opposant qui a souhaité garder l’anonymat.
Les Forces vives ont fait du départ de la junte un préalable à toute négociation. Mais Blaise Compaoré recommande la création d’un Conseil national de transition (CNT) de 150 membres, présidé par le Conseil national pour le développement et la démocratie (CNDD), la junte dirigée par le capitaine Dadis Camara. Le vice-président du CNT devrait être désigné par l’opposition. Le chef d’Etat burkinabè préconise par ailleurs la formation d’un gouvernement d’union nationale conduit par un Premier ministre issu des rangs des Forces vives.
La junte s’est «trouvée dans l’esprit du médiateur»
Pis, rien ne semble interdire à Moussa Dadis Camara de se présenter à l’élection présidentielle en 2010 comme il en affiche l’ambition, alors même que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’est officiellement opposée à une telle démarche. « Nous allons rencontrer le président (Compaoré) pour lui faire part de notre indignation. Nous demandons que Dadis (Camara) ne soit pas candidat, auquel cas c’est la rue qui va décider », a poursuivi la source anonyme au sein des Forces vives.
Du côté de la junte militaire, on se réjouit des propositions du médiateur.
« Nous n’avons pas eu le temps d’exposer [à Blaise Compaoré, ndlr] un certain nombre de points sur lesquels nous avons réfléchi mais je pense que nous nous sommes trouvés dans l’esprit du médiateur », a expliqué Idrissa Chérif, conseiller spécial du président guinéen.
Ces déclarations sonnent comme une confirmation des propos tenus par l’ancien Premier ministre guinéen Sydia Touré. En octobre dernier, l’opposant avait raillé le manque d’envergure de Blaise Compaoré dans son rôle de médiateur.