Extradé vers Conakry après près d’un an de cavale, le colonel Claude Pivi, condamné pour son rôle dans le massacre du 28 septembre 2009, est de nouveau incarcéré en Guinée.
Après presque un an de cavale, le colonel Claude Pivi, ancien ministre de la sécurité présidentielle sous Moussa Dadis Camara, a été arrêté au Liberia le 17 septembre 2024. Ce dernier, condamné par contumace à la réclusion à perpétuité pour son rôle dans le massacre du 28 septembre 2009, est désormais incarcéré en Guinée. Son retour en détention met un terme à une longue traque et ravive les souvenirs douloureux d’une tragédie nationale.
Un massacre gravé dans la mémoire collective
Le 28 septembre 2009 reste une date sombre dans l’histoire guinéenne. Ce jour-là, une manifestation pacifique contre la junte militaire de Moussa Dadis Camara avait rassemblé plus de 50 000 personnes dans le stade de Conakry. La répression, d’une violence inouïe, avait causé la mort de 157 manifestants, selon une enquête de l’ONU. De plus, 109 femmes avaient été violées, tandis que de nombreux manifestants avaient été torturés, blessés ou portés disparus.
Claude Pivi, alors en charge de la sécurité présidentielle, a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité, notamment pour son rôle dans l’organisation de la répression sanglante. Son implication lui a valu la plus lourde peine prononcée lors du procès historique ouvert le 28 septembre 2022 : la prison à perpétuité, avec une période de sûreté de 25 ans.
Une cavale qui a tenu en haleine
L’évasion de Claude Pivi, survenue le 4 novembre 2023, avait jeté l’opprobre sur le système carcéral guinéen. En compagnie de deux autres figures de la junte, Moussa Dadis Camara et Moussa Thiegboro Camara, il avait réussi à fuir la grande prison de Conakry. Si ses coévadés s’étaient rapidement rendus, Pivi avait disparu, déclenchant une chasse à l’homme à l’échelle internationale.
Le colonel, décrit comme l’un des hommes forts de l’ancien régime, a finalement été localisé au Liberia près d’un an plus tard, lors d’un contrôle de routine. Des photos de son arrestation, montrant Pivi en vêtements civils, ont circulé sur les réseaux sociaux, mettant fin aux rumeurs sur son sort.
Arrestation au Liberia et extradition rapide
Le 17 septembre 2024, grâce à une coopération entre les forces de sécurité libériennes et guinéennes, Claude Pivi a été arrêté et immédiatement extradé vers la Guinée. Selon le procureur militaire de Conakry, le colonel Pivi a été ramené à la maison centrale pour purger sa peine de réclusion à perpétuité. Cette arrestation marque la fin d’une cavale qui aura duré près d’un an.
Toutefois, cette information a été accueillie avec prudence par certains. L’avocat de Claude Pivi, joint par RFI, n’a pas encore confirmé officiellement l’arrestation ni l’extradition de son client. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle a secoué la scène politique guinéenne.
Répercussions sur la scène politique et judiciaire
Le retour de Claude Pivi en détention pourrait avoir des répercussions importantes en Guinée. D’une part, cela souligne la volonté des autorités de clore le chapitre judiciaire des massacres de 2009. D’autre part, cette arrestation rappelle que la quête de justice pour les victimes continue. Les associations de défense des droits de l’Homme, ainsi que les familles des victimes, espèrent que cette affaire servira d’exemple dans la lutte contre l’impunité en Guinée.
Ce retour sous les verrous pourrait également renforcer la légitimité du pouvoir actuel, en montrant que les responsables des crimes passés doivent répondre de leurs actes, même après des années de cavale. Le procès des massacres du 28 septembre 2009 reste un tournant dans la justice guinéenne, et cette nouvelle arrestation pourrait accélérer la marche vers la réconciliation nationale.