Une commission d’enquête indépendante sera installée pour enquêter sur les évènements du 28 septembre dernier où plus de 150 Guinéens auraient perdu la vie, selon un communiqué de la junte guinéenne publié mercredi soir. Les Nations unies, pour leur part, on envoyé un « conseiller spécial » qui fera ses propres investigations.
Le capitaine Moussa Dadis Camara, le président guinéen, a annoncé mercredi soir la mise en place d’une « commission d’enquête indépendante » sur les évènements tragiques du 28 septembre dernier. Selon la société civile, les militaires ont causé la mort de plus de 150 personnes alors que le gouvernement a établi un bilan de 57 tués. La commission devrait être composée de 31 membres. Parmi eux, siégeront sept magistrats, quatre représentants de partis politiques, trois de syndicats et de la société civile, trois des Forces patriotiques, proches de la junte, et trois des organisations de défense des droits de l’Homme.
Quelques heures plus tôt, Navanethem Pillay, le Haut-commissaire aux droits de l’Homme des Nations unies indiquait qu’un « conseiller spécial » avait été dépêché en Guinée pour enquêter sur les ces massacres. L’ONU souhaite la mise en place d’une commission d’enquête internationale. « J’ai été exhortée, à la fois par le ministre (français) des Affaires étrangères et par l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie), à user des pouvoirs de mon organisation pour lancer une enquête (…) et établir si des crimes graves ont été commis », a affirmé mercredi Navanethem Pillay.
Déterminer les responsabilités
Pour les analystes et la presse guinéenne, la commission installée par la junte, n’aura d’indépendante que son nom puisqu’elle sera composée en majorité de personnalités proches du pouvoir de par leur fonction ou leur activité. Bien qu’il nie toute responsabilité dans les évènements du 28 septembre, la société civile et la communauté internationale considèrent que le capitaine Dadis Camara est à l’origine du « bain de sang » dénoncé par Navanethem Pillay. Un avis que partage Paris. « Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on soupçonne fortement le président intérimaire d’avoir (…) participé à la décision » qui a conduit à la répression, selon le ministre français des Affaires extraordinaires. Bernard Kouchner s’exprimait en ces termes mercredi devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
A Conakry, la tension est montée d’un cran mercredi au sein de l’armée guinéenne où une chasse aux sorcières semble avoir commencé. Le général Sékouba Konaté, numéro deux de la junte et qui, selon certains observateurs, dirigerait véritablement la Grande Muette, auraient ordonné l’arrestation de aide-de-camp de Dadis Camara, Aboubacar Sidiki « Toumba » Diakité. Il est accusé d’avoir activement participé au massacre du 28 septembre.