Guinée : la grâce présidentielle de Dadis Camara, une décision controversée


Lecture 3 min.
Moussa Dadis Camara
Moussa Dadis Camara

Moussa Dadis Camara, ancien chef de la junte guinéenne, a été gracié par le général Mamadi Doumbouya. Condamné en 2024 à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité, il était reconnu coupable du massacre du 28 septembre 2009. Sa libération provoque une vive indignation parmi les familles des victimes et relance le débat sur l’impunité en Guinée.

C’est par un décret officiel lu à la télévision nationale que le gouvernement de transition guinéen a annoncé la libération de Moussa Dadis Camara. L’ancien chef de la junte, qui purgeait une peine pour sa responsabilité dans la répression sanglante d’une manifestation d’opposition en 2009, a reçu cette grâce pour des « raisons de santé« . Cette décision intervient deux ans après un procès historique qui l’avait reconnu coupable de crimes graves, notamment assassinats, actes de torture et violences sexuelles.

Un passé marqué par la violence et l’autoritarisme

Arrivé au pouvoir en 2008 à la suite d’un coup d’État, Moussa Dadis Camara s’était imposé par un régime autoritaire et imprévisible. Il a alterné discours populistes et répressions brutales. Son passage à la tête de la Guinée a été marqué par le tristement célèbre « massacre du stade » du 28 septembre 2009. Au moins 156 manifestants ont été tués et plus d’une centaine de femmes violées par les forces de sécurité. Après une tentative d’assassinat perpétrée par son aide de camp en 2009, il avait été contraint à l’exil avant d’être finalement arrêté et jugé à son retour en Guinée.

Une décision qui divise

La grâce présidentielle accordée par Mamadi Doumbouya fait réagir. Si ses proches, notamment dans sa région natale de N’Zérékoré, célèbrent cette annonce, les familles des victimes du massacre de 2009 et les organisations de droits de l’homme dénoncent un camouflet à la justice. Beaucoup voient dans cette libération un recul pour la lutte contre l’impunité en Guinée, d’autant plus que la junte au pouvoir impose une répression accrue sur les opposants politiques et les médias.

Un contexte politique tendu

La décision de Doumbouya s’inscrit dans un climat politique déjà sous haute tension. Alors que les manifestations contre le pouvoir militaire sont fréquemment interdites et que la presse subit des restrictions, cette grâce présidentielle est perçue par certains comme un signal inquiétant. En parallèle, le gouvernement a annoncé la prise en charge des indemnisations des victimes du massacre de 2009, une mesure qui, pour certains, ne suffit pas à compenser l’effet de la libération de Dadis Camara.

La grâce présidentielle change le destin judiciaire de Moussa Dadis Camara. Mais le débat reste ouvert. Les familles des victimes, avec le soutien des ONG, exigent toujours justice et s’inquiètent du signal envoyé.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News