Guinée : la France désavoue Dadis Camara


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Rien ne va plus entre la junte et la France. Bernard Kouchner, le ministre français des affaires étrangères, a déclaré dimanche que Paris ne souhaitait « plus travailler » avec Dadis Camara, le chef de la junte. Il a envisagé une « intervention internationale » en collaboration avec les pays africains. Cette décision intervient une semaine après la répression sanglante, par les militaires guinéens, d’une manifestation organisée par l’opposition au stade de Conakry.

« Un déferlement de violence », « une chose effrayante et sauvage », « même (l’ex-dictateur ougandais) Idi Amin Dada n’avait pas fait ça (…) Là on égorgeait les femmes sous les yeux de leurs maris, on les violait, on les tuait », s’est indigné Bernard Kouchner. Faisant fi des usages diplomatiques, le ministre français des affaires étrangère a ainsi durci le ton, face à la junte au pouvoir en Guinée.

Le bilan de la répression d’un rassemblement de protestation lundi dernier à Conakry, a été très lourd : 157 personnes au moins ont été tués. « Il me semble qu’aujourd’hui, on ne peut plus travailler avec Dadis Camara », a laissé entendre le ministre français des Affaires étrangères. Interrogé par le quotidien Le Figaro, la chaîne de télévision LCI et la radio RTL, Bernard Kouchner a précisé que Paris réfléchissait à une forme d’ « intervention internationale » pour résoudre la crise guinéenne. En collaboration avec des pays africains.

Paris demande à l’Afrique de s’impliquer dans la crise

Samedi, les dirigeants de l’opposition en Guinée ont exhorté la communauté internationale à agir, notamment par l’envoi d’une force d’interposition et d’une commission internationale d’enquête.

Pour Paris, l’Afrique devrait jouer un rôle prépondérant dans la résolution de la crise guinéenne. « Ce n’est pas à la France de prendre des décisions là-dessus, on n’est plus au temps de la Françafrique », a souligné Bernard Kouchner. Et de préciser: « Nous avons alerté la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), il faut que le Nigeria soit d’accord nous y travaillons ».

L’appel au calme

Mandaté par la Cédéao, le président burkinabè Blaise Campaoré doit se rendre lundi à Conakry. But de la mission : tenter de faire baisser la tension. Pour ce faire, Blaise Compaoré a indiqué qu’il allait « rencontrer les responsables du pays, les opposants et tous ceux qui peuvent aider à une sortie de crise ».

Le Vatican a de son côté lancé un appel au calme. Le pape Benoît XVI a appelé dimanche au « dialogue et à la réconciliation » en Guinée. Il s’est déclaré « certain » que les parties en présence « n’épargneront aucun effort pour trouver une solution juste et équitable ». Dadis Camara devrait en prendre bonne note, lui qui à l’entrée de son quartier général a fait figurer sur un écriteau blanc la Bible et le Coran et cette brève inscription : « la vérité ne tombera jamais ».

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