La corruption continue de sévir en Guinée. C’est du moins, les résultats d’une enquête réalisée par Afrobaromètre, un réseau mondial qui s’investit en Afrique et mène des investigations sur les progrès accomplis en matière de démocratie et de bonne gouvernance.
De notre correspondant à Conakry
Le constat est là, la corruption gangrène la Guinée. Aliou Barry, directeur général de Stat View international par ailleurs représentant de Afrobaromètre en Guinée en a fait la révélation.
« Pour ce qui est du domaine de la santé, ce qui est important, c’est que les citoyens guinéens dénoncent le fait qu’ils n’arrivent pas à avoir accès aux services de santé pour des raisons liées à la corruption. Du moins, c’est l’avis de 50% des personnes approchées. Un Guinéen sur deux considère que les services de santé sont difficiles d’accès parce que les agents de santé sont corrompus. Et ça, c’est un des résultats majeurs. Et quel que soit le critère qu’on prend, c’est l’avis de la moitié des Guinéens. L’autre résultat qu’on en tire aussi, c’est que nous avons voulu savoir si les Guinéens appréciaient la manière dont la Coordination anti Ebola a géré le dossier », a confié M. Barry.
Pour ce qui est de la justice, le représentant de Afrobaromètre ajoute que « c’est pareil. C’est encore la corruption qui gangrène le secteur. Ce qui fait que pratiquement, la plupart des Guinéens qui ont été interviewés par rapport au recours en cas de besoin de tribunaux et aux Cours, ils nous ont répondu qu’ils préfèrent utiliser la justice traditionnelle. C’est-à-dire que les gens préfèrent régler leur problème à l’amiable, essayer donc de régler ça en famille, de voir un chef traditionnel, un chef religieux. En tout cas régler au niveau de la Communauté. Mais ne pas dépasser la Communauté ».
Et de recommander de tout faire pour « moraliser l’économie, essayer de faire en sorte qu’il y ait moins de détournements de fonds, et que les paiements non officiels soient contenus au niveau des services sociaux de base puisque c’est là que la grande majorité des Guinéens ont recours aux services de l’administration publique. Donc, il faut faire en sorte qu’il y ait moins de paiements non officiels, parce que vous savez que la majorité des Guinéens sont des pauvres. Nous avons plus de 55% de pauvres. C’est-à-dire des gens qui vivent avec moins d’1 dollar par jour. Donc, ces gens-là ne peuvent pas utiliser les services dont ils ont vraiment besoin, c’est-à-dire la santé et l’éducation si la corruption sévit ».
Pour conclure, le relai d’Afrobaromètre insiste qu’il faut « vraiment moraliser, il faut faire en sorte que les réformes qui ont été annoncées et engagées puissent continuer. Il y a déjà des réformes qu’il faut saluer à savoir l’unicité de la caisse, le fait de pouvoir mettre les fonctionnaires de l’administration dans de meilleures conditions ».