L’ancien ministre guinéen des Affaires Etrangères, Bakary Fofana, issu de la société civile, a été élu jeudi 1er novembre au poste de président de la Commission électorale nationale indépendante. Il remplace à ce poste Louncény Camara, longtemps décrié par l’opposition qui l’accusait d’avoir un penchant pour le pouvoir en place.
(De notre correspondant)
Depuis le décret du président de la République, Alpha Condé, nommant les nouveaux commissaires de la CENI, les choses se précipitent Les vingt cinq commissaires de la CENI ont eu une journée très chargée ce jeudi 1er novembre. Après la Cour suprême où ils étaient appelés à prêter serment, les nouveaux commissaires de la CENI se sont rendus au Palais du peuple de Conakry pour élire leur président.
Deux candidats étaient en lice. Sur les 22 commissaires qui ont voté, il y a eu deux bulletins nuls. Bakary Fofana a obtenu 15 voix contre 5 voix pour son challenger, Kader Aziz Camara, syndicaliste. De facto, Bakary Fofana devient donc le nouveau président de la CENI pour un mandat de sept ans.
Dans son discours de circonstance, le nouveau patron de la CENI a promis d’organiser des élections libres et transparentes en Guinée. Pour atteindre cet objectif, Bakary Fofana a invité ses collègues de la CENI à une neutralité absolue.
« Nous devrions agir ensemble, aller très vite mais très bien dans une communion d’idées et actions vers l’atteinte de l’objectif commun de nos concitoyens, celui de l’organisation d’élections crédibles, transparentes et pacifiques dont les résultats doivent être acceptés par tous. Cet objectif, s’inscrit dans une vision globale qui est de faire de la Guinée un modèle de démocratie et de stabilité dans une sous-région avec de multiples foyers d’instabilités et de conflits », a-t-il préconisé. Avant de rassurer en ces termes : « J’affirme avec conviction que l’atteinte de cet objectif nécessite de tout le peuple de Guinée un sursaut de conscience et de patriotisme et une mobilisation active de la société civile dans toutes ses composantes, un engagement citoyen de l’élite politique dans un consensus nationale sans faille ».
Pour l’instant, l’opposition guinéenne regroupée au sein du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition et de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP), ne trouve pas d’inconvénient sur le choix de Bakary Fofana à la tête de CENI. Elle entend le juger sur ses actes.
« Nous n’allons pas continuer à rejeter les hommes qui seront commis à jouer le rôle de président de la CENI. Celui qui était là avant avait un contentieux avec nous. Pour le moment, on ne peut rien reprocher à Bakary Fofana. On le jugera à l’acte », a réagi ce matin le président de l’UFR, Sidya Touré sur radio privée de la place.
Un recours contre le décret du président Alpha Condé
L’opposition guinéenne a déposé vendredi un recours pour annulation du décret du président de la République sur la recomposition de la CENI. Un décret qu’elle juge illégal. Pour ces opposants, la question de la parité au sein de la CENI n’a pas été respectée. Au lieu de dix représentants de l’opposition qui doivent siéger à la CENI, elle se retrouve avec neuf. Thierno Seydou Bayo du PS qui complétait la dixième personne de l’opposition a été tout simplement exclu de la liste pour être remplacé par le représentant du parti de l’ex-Premier ministre Jean Marie Doré, l’UPG qui se réclame du Centre.
« Il faut que Thierno Seydou Bayo soit remis sur la liste pour compléter la parité au sein de la CENI », avait indiqué le porte-parole de l’opposition dite radicale, Aboubacar Sylla.