Mohamed Diané, ancien ministre guinéen de la Défense, a été lourdement condamné le 18 décembre 2023 par la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) pour détournement de fonds publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. La Cour a prononcé à son encontre une peine de 5 ans de prison et une amende de 5 milliards de francs guinéens (environ 578 000 dollars).
En plus de cela, Diané a été condamné à payer 500 milliards de francs guinéens (57 millions de dollars) en dommages et intérêts au profit de l’État guinéen. Les autorités ont également ordonné la confiscation de ses biens. Cette condamnation fait suite à un long procès qui a débuté en mars 2023. Mohamed Diané, ministre de la Défense de 2015 à 2021, était en détention depuis avril 2022.
Faits similaires de détournement de fonds publics
Tout au long de son procès, il a adopté une position défensive, refusant de répondre aux questions du tribunal et réitérant qu’il souhaitait être jugé en tant qu’homme libre, sans quoi il n’aurait rien à dire. Il a également demandé à ses avocats de se retirer, rejetant ainsi toute forme de participation à la procédure. Ce verdict intervient quelques jours après une autre condamnation marquante.
Amadou Damano Camara, ancien président de l’Assemblée nationale, a été condamné, le 2 décembre 2023, à 4 ans de prison et une amende de 10 millions de francs guinéens (environ 1 200 dollars) pour des faits similaires de détournement de fonds publics et de corruption. Par ailleurs, Ibrahima Kassory Fofana, l’ex-Premier ministre de la Guinée, est toujours en détention, depuis avril 2022, pour des accusations similaires, son procès étant en cours.
Traiter les infractions économiques et financières
La CRIEF, instaurée par les autorités militaires en janvier 2022, a été mise en place pour traiter les infractions économiques et financières. Cette juridiction spéciale fait partie des réformes entreprises par les militaires guinéens après leur prise de pouvoir. En effet, le 5 septembre 2021, Mamadi Doumbouya, alors commandant des forces spéciales de l’armée, renversait le Président Alpha Condé, mettant fin à son régime.
Ce coup d’État a marqué un tournant pour le pays, avec l’instauration d’un gouvernement militaire qui a promis de lutter contre la corruption et de remettre de l’ordre dans les finances publiques. Sous la direction de Doumbouya, la CRIEF a rapidement gagné en visibilité, symbolisant la volonté du nouveau régime de sanctionner les actes de corruption et de mauvaise gestion des fonds publics, notamment ceux commis sous le gouvernement d’Alpha Condé.
Rétablissement de l’État de droit et de lutte contre la corruption
L’installation de cette cour spécialisée a été vue par de nombreux observateurs comme une tentative de rendre justice, particulièrement après des années de pratiques opaques et de népotisme. L’avènement de Mamadi Doumbouya à la tête de la Guinée a marqué une rupture radicale avec l’ère Condé. En plus de la mise en place de la CRIEF, le régime militaire a pris plusieurs mesures pour réorganiser le pays, redresser son économie et rétablir la confiance au sein des institutions publiques.
Cependant, cette transition a également été marquée par des tensions politiques et sociales. Bien que Doumbouya ait été largement soutenu au début de son mandat, son gouvernement a dû faire face à des critiques concernant la durée de la transition et la gestion des attentes populaires. Le procès de Mohamed Diané et des autres anciens membres du gouvernement sous Alpha Condé s’inscrit dans cette dynamique de rétablissement de l’État de droit et de lutte contre la corruption. Les autorités guinéennes espèrent ainsi envoyer un message clair : personne, quelle que soit sa position, n’est au-dessus de la loi.