Guinée : introuvable depuis son évasion, la tête de Claude Pivi mise à prix


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Le colonel Claude Pivi
Le colonel Claude Pivi

En Guinée, le redouté colonel Claude Pivi est toujours introuvable. Pourtant, l’État a déployé des moyens importants pour le retrouver. Si bien que le ministre de la Justice a décidé de publier un communiqué mettant à prix la tête du fugitif.

Depuis son évasion spectaculaire du samedi dernier, l’ancien ministre et colonel Claude Pivi est toujours dans la nature. Les fouilles minutieuses de la ville de Conakry, quadrillée par les forces de défense et de sécurité, restent pour l’instant sans résultats. Mercredi, Alphonse Charles Wright, ministre de la Justice publie alors un communiqué dans lequel il lance un appel à tous les Guinéens, avec une mise à prix de la tête de Claude Pivi. « Le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme rappelle à l’opinion publique nationale et internationale que suite à l’opération commando perpétrée dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 novembre 2023 à la Maison centrale de Conakry, Monsieur Jean Claude Pivi poursuivi pour les faits présumés de crime de sang dans le dossier des évènements du 28 septembre 2009 s’est évadé et reste toujours en cavale avec ses présumés complices », commence le communiqué.

Une récompense de 500 millions de francs guinéens

Pour le ministre de la Justice, tout doit être mis en œuvre pour localiser, arrêter et reconduire en prison Claude Pivi en vue de la poursuite de son procès. C’est pourquoi une récompense de 500 millions de francs guinéens (environ 53 000 euros) est promise à toute personne « qui aura aidé ou facilité l’arrestation de Monsieur Jean Claude Pivi en donnant des indications précises aux autorités judiciaires sur sa position exacte ».

Le colonel en fuite traine une mauvaise réputation au sein des populations guinéennes. Il est vu comme un militaire bien aguerri et versé dans les pratiques occultes. C’est pourquoi le Garde des Sceaux a tenu à se montrer rassurant en annonçant des mesures de sécurité en faveur de la personne qui aura fourni les informations nécessaires, en vertu de la loi L/2022/013/CNT du 23 septembre 2022 fixant les règles de protection des victimes, des témoins et des autres personnes en situation de risque. La récompense sera remise au bénéficiaire en toute discrétion.

Des avocats dénoncent des exactions des forces de l’ordre dans la traque de Claude Pivi

La traque organisée contre Claude Pivi et ses complices servirait de prétexte à des éléments des forces de défense et de sécurité pour commettre des exactions contre des citoyens vus comme des proches des personnes recherchées. Ceci a conduit le barreau guinéen à publier un communiqué pour dénoncer cet état de choses constitutif de violations graves des droits humains. « Dans le cadre de la traque de ces assaillants, des témoignages font état de bavures et d’exactions commises par des éléments des forces de défense et de sécurité sur des citoyens dont le seul tort serait vraisemblablement d’avoir des liens avec l’un des accusés qui reste encore en cavale ou seraient supposément proches de tel ou tel membre du groupe d’assaillants », dénonce-t-il.

Le barreau attire également l’attention des autorités sur le cas de certaines personnes qui se disent terrorisées par les forces de défense et de sécurité à l’occasion des fouilles et des perquisitions réalisées dans des quartiers soupçonnés de servir de planque aux fugitifs.

Par ailleurs, les avocats s’insurgent contre les destructions de biens privés occasionnées par les perquisitions et signalées dans les médias. Au-delà de tout, le barreau relève également des menaces formulées à l’égard des avocats des mis en cause. En condamnant avec vigueur ces actes, le barreau invite les autorités étatiques à garantir aux avocats la sécurité pour exercer leur profession en toute quiétude. Il invite alors les autorités judiciaires à ouvrir des enquêtes en vue d’identifier clairement et de châtier les auteurs des exactions.

Mais aussi et surtout à poursuivre la traque des personnes recherchées dans le strict respect de la loi.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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