Aboubacar Sylla a été interpellé mardi matin, par des hommes en tenues militaires et civiles, en pleine circulation, alors qu’il venait de quitter son domicile de Kaporo, dans la commune de Ratoma. Il a été relaxé six heures plus tard. Ce patron de presse avait officiellement lancé son parti, l’Union des forces du changement (UFC), le 27 juillet dernier à Conakry.
Notre correspondant en Guinée
L’Union des forces du changement (UFC), c’est le nom du parti d’Aboubacar Sylla, propriétaire du groupe de presse écrite l’Indépendant-Démocrate. Il a été arrêté mardi 4 août à 11 heures. Pour en savoir un peu plus, nous avons joint au téléphone la victime elle-même. Elle a confirmé les faits. Aboubacar Sylla nous a confié qu’il venait en direction de la ville, « quand soudain, une voiture tout terrain lui a barré la route. Ses occupants étaient habillés en tenues militaires et civiles. » Il a affirmé avoir été arrêté par ces hommes « sans convocation ni mandat. Toutes choses contraires aux règles de fonctionnement de l’Etat de droit.»
Ensuite, nous a-t-il affirmé, il a été à conduit chez le procureur pour interrogatoire. Là, il a été évoqué, continue-t-il, une affaire domaniale datant de 1989. Au téléphone, Aboubacar Sylla nous a déclaré qu’il a été arrêté sur instruction personnelle du ministre de la Justice, Siba Lohalamou.
Pour avoir sa version des faits, nous avons en vain tenté d’entrer en contact avec le ministre de la Justice. Toutefois, aux dernières nouvelles, Aboubacar Sylla a été relaxé, six heures après son interpellation. Face à ce qu’il appelle la violation des principes de l’Etat de droit, le leader politique parle d’une tentative d’intimidation. Reste à savoir si cette curieuse affaire domaniale est classée ou pas.
Aboubacar Sylla avait donné, le 27 juillet dernier, pour le lancement de son parti, une conférence de presse au cours de laquelle il avait vivement critiqué la Grande muette. Il avait déclaré que la « la première des priorités est de faire une refondation de l’armée » et dénoncé « l’indiscipline qui existe » en son sein. Selon lui, tout ce que devait faire le Conseil national pour la démocratie et le développement (Cndd) était d’organiser les élections et de partir. Des propos moyennement appréciés par la junte au pouvoir.