Comme on le dit très souvent, même les guerres les plus fratricides finissent toujours autour d’une table. À l’issue d’une concertation qui vient de se terminer, dans les locaux du gouvernorat, le célèbre promoteur de l’écriture N’ko, Nanfo Ismaël Diaby, a été libéré. Il avait été mis aux arrêts le samedi dernier, suite à une plainte déposée chez le préfet par les autorités religieuses de la place, qui lui reprochent de pratiquer la prière en langue locale Manikakan.
Selon le premier administrateur dans la région de Kankan, « pour faire prier dans la langue Maninkakan dans une mosquée, il faut l’autorisation de la loi ». Prenant la parole en faveur de cette concertation, Nanfo Ismaël Diaby a dit ne pas être prêt à mettre un terme à sa pratique.
« Je ne défie pas les autorités. Mais, moi, je continuerai à prier dans ma langue», a-t-il laissé entendre avant de se faire escorter par les siens jusqu’à son domicile qui a été la cible, mardi matin, d’une attaque perpétrée par une bande de jeunes surexcités. Sa mosquée a été complètement saccagée. À signaler aussi que pendant la concertation, une bagarre a éclaté à l’extérieur entre les pros et anti Nanfo Ismaël Diaby, qui étaient nombreux devant les locaux
du gouvernorat.
Pour rappel, célèbre chroniqueur islamique, Nanfo Ismaël Diaby, qui officiait la prière musulmane en langue nationale malinké à Kankan, lors de la nuit du destin (Laylat al-Qadr) en 2019 et avait été interdit de diriger la prière par la ligue islamique de Kankan. Mais il continuait d’officier comme si de rien n’était.
Interdit de prêcher en public et dans les médias, Nanfo Ismaël Diaby a réussi à construire une petite mosquée chez lui où il dirige avec des prières en malinké. C’est ainsi qu’il s’est fait arrêter, dans la matinée de samedi, par la police, avant d’être libéré.