Dans un document rendu public mercredi, Human Right Watch (HRW) rapporte de violations de droits de l’Homme commises en Guinée depuis la prise du pouvoir par les militaires. Selon l’organisation non gouvernementale, aucune des promesses faites par le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte, lors de son accession au pouvoir, n’a été tenue.
« Le nouveau gouvernement [guinéen] a eu six mois pour prouver qu’il était sérieux dans sa promesse d’améliorer le respect des droits humains en Guinée », mais il n’a rien fait, a déclaré, mercredi, Corinne Dufka, chercheuse à Human Rights Watch (HRW) pour l’Afrique de l’Ouest lors de la présentation d’un rapport sur le pays.
L’Organisation non gouvernementale indique que des enquêtes menées sur le terrain lui ont permis de relever de graves entorses aux droits de l’Homme. Elle cite des arrestations et des détentions arbitraires, des restrictions imposées sur des activités politiques, des actes criminels impunis perpétrés par l’armée, des appels à la justice populaire…
Selon le rapport de HRW, plusieurs militaires (au moins seize) proches de l’ancien président feu Lansana Conté, ont été arrêtés, torturés et incarcérés de façon arbitraires depuis fin décembre, date d’accession au pouvoir de Moussa Dadis Camara. «Ces prisonniers ont été privés des visites de leurs familles pendant une période de trois mois et sont restés dans un centre de détention non officiel, situé dans le quartier général du CNDD [[Conseil national pour la démocratie et le développement]] au camp militaire Alpha Yaya Diallo de Conakry », peut-on lire dans le rapport. « Dans l’après-midi du 26 mai, relate le document, des dizaines de membres des forces de sécurité ont tabassé, attaché et arrêté Kader Doumbouya, un ancien commandant sous le régime de Lansana Conté avant de piller sa résidence à Conakry. Il est détenu depuis lors au « PM3 » de Conakry, un centre de détention de la gendarmerie, sans aucune accusation. » M. Doumbouya recevrait actuellement des soins pour une côte fracturée.
Pas de mesures concrètes pour l’organisation des élections
En plus de ces exactions, HRW affirme que des mesures concrètes n’ont pas été prises pour l’organisation d’élections libres et transparentes avant la fin de l’année. «Très peu de progrès ont été réalisés pour le retour à un régime civil», indique le rapport. En mai et juin dernier, le CNDD aurait même refusé d’octroyer un financement à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), chargée de l’organisation et de la surveillance des élections pour permettre à celle-ci d’achever les opérations d’enrôlements des électeurs.
Par ailleurs, écrit l’Ong de défense des droits de l’Homme, les activités politiques ont été interdites dans le pays. Et des attaques auraient été perpétrées contre des partis d’opposition. Le 20 juin dernier par exemple, le siège de l’Union démocratique de Guinée (UDG), basé à Kagbélén, à l’extérieur de Conakry aurait été pris d’assaut et mis à sac par des militaires en bérets rouges, lourdement armés et dirigés par le ministre chargé de la sécurité présidentielle, Claude Pivi.
Face à ces graves violations des droits humains et à ces entraves à la démocratie Human Right Watch a appelé à la tenue d’élections législatives et présidentielles dans les meilleurs délais.