La Guinée a décidé de ne pas rejoindre l’Alliance des États du Sahel (AES), faisant le choix de se rapprocher de la CEDEAO, malgré des critiques.
Après des mois de spéculations, la Guinée a finalement tranché : elle ne rejoint pas l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette décision marque un tournant dans la diplomatie guinéenne, alors que le pays semble vouloir renforcer ses liens avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), malgré les critiques et les défis auxquels cette organisation fait face. Pourquoi la Guinée, sous la direction de Mamadi Doumbouya, à-elle pris ses distances avec l’AES, alors que d’autres pays sahéliens comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger s’y sont ralliés ?
Un rapprochement de courte durée avec l’AES
Initialement, Conakry avait montré une certaine ouverture envers l’AES, une organisation regroupant des États ayant tourné le dos à la CEDEAO. Cette alliance, composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, vise à renforcer la coopération entre ces pays qui partagent une histoire politique récente marquée par des coups d’État militaires. Pourtant, la Guinée, bien que dirigée par un régime similaire, a rapidement pris ses distances.
Le Premier ministre guinéen, Bay Oury, a été clair : « La Guinée n’intégrera pas l’AES, elle a inscrit ses actions dans le cadre de la CEDEAO. » Cette déclaration met fin aux rumeurs et renforce la position de Conakry en faveur d’une réintégration de la CEDEAO, malgré les récriminations passées contre cette organisation. Bay Oury a notamment souligné l’importance de ne pas abandonner une institution qui a plus de 50 ans d’histoire, et qui, selon lui, peut encore se réformer de l’intérieur.
Pourquoi la Guinée a fait ce choix ?
Contrairement aux autres régimes militaires de la région, la Guinée souhaite maintenir une ouverture diplomatique avec tous ses voisins. Cette position serait liée à l’histoire politique de la Guinée, marquée par son indépendance en 1958 et son rôle dans la libération du continent africain. Pour Conakry, l’AES représente une réplique régionale trop limitée. La Guinée, en revanche, cherche à coopérer avec l’ensemble de la communauté internationale tout en restant dans le cadre de la CEDEAO, une organisation qu’elle espère voir réformée pour mieux répondre aux défis actuels.
Alors que le Mali, le Burkina Faso et le Niger critiquent vivement la CEDEAO, la Guinée préfère une approche plus nuancée. Bay Oury a d’ailleurs rappelé que l’AES pourrait, selon lui, être une « sous-organisation dans le cadre de la CEDEAO », plutôt qu’une alternative. Conakry semble ainsi vouloir jouer un rôle de médiateur en appelant aux réformes internes de la CEDEAO, au lieu d’envisager un retrait pur et simple.
Une diplomatie flexible et inclusive
Malgré les sanctions initiales imposées par la CEDEAO après le coup d’État de 2021, la Guinée a su faire preuve de flexibilité, contrairement aux autres États sahéliens. Conakry a réussi à réintégrer certaines organisations internationales, comme la Francophonie, tout en cherchant à regagner la confiance de ses partenaires. Cette approche témoigne de la volonté de la Guinée de maintenir des relations équilibrées avec ses voisins et la communauté internationale.