Dans une lettre adressée au Président de la Guinée, Alpha Condé, en date du jeudi 27 février 2020, un ministre a claqué la porte du gouvernement de Conakry. Qui est-ce ?
Une défection de taille dans les rangs du Président guinéen, Alpha Condé. Ce jeudi 27 février 2020, Abdoulaye Yéro Baldé, ministre guinéen de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique, a claqué la porte du gouvernement. Cette démission est intervenue dans contexte de crise politique, créée par la volonté de Président Condé de mettre en place une nouvelle Constitution. Et même s’il ne le dit pas explicitement dans sa lettre, tout laisse croire que la démission du ministre Abdoulaye Yéro Baldé est un dommage collatéral de la lutte de l’opposition contre le troisième mandat.
Le projet du Président Alpha Condé de Guinée, allant dans le sens de mettre en place une nouvelle Constitution, a induit une crise politique sans précédant dans le pays. Malgré l’opposition farouche du Front National de Défense de la Constitution (FNDC), le Président Condé déroule son agenda comme si de rien n’était. C’est dans ce contexte qu’est intervenue la démission d’Abdoulaye Yéro Baldé, ministre guinéen de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Même s’il ne le dit pas explicitement dans sa correspondance, tout laisse croire que la cause de cette posture viendrait du fait qu’il ne partage pas ce projet politique.
Dans la lettre publiée par différents médias guinéens, le désormais ex-ministre de l’Enseignement supérieur explique que « les valeurs pour lesquelles le RPG a lutté sont relégués au second plan. Les institutions et le tissu social qui constituent le socle d’une nation qui se veut fortes sont fragilisés chaque jour davantage. La sérénité dans le fonctionnement de l’Etat est mise à rude épreuve, l’environnement n’est plus favorable à la conduite des affaires de l’Etat dans l’intérêt des populations et la crédibilité de nos actes s’effrite ». Cette nouvelle donne intervient à quelques heures seulement des élections législatives du 1er mars 2020, qui seront d’ailleurs couplées à la consultation référendaire.
En tout cas pour l’heure, force est de constater qu’il s’agit d’élections incertaines, d’autant plus qu’aucune des deux parties, en l’occurrence le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) et le Président Alpha Condé, ne semble être dans les dispositions de lâcher prise. D’ailleurs, réagissant à la démission du ministre de l’Enseignement supérieur, le FNDC a invité les autres membres du gouvernement à s’inspirer de cet acte. Il note dans un communiqué, « nous appelons les membres du gouvernement à un sursaut patriotique pour quitter leurs fonctions pendant qu’il est encore temps et rejoindre leur peuple dans son combat contre l’imposture. Ils auraient ainsi opéré un choix raisonnable entre l’avenir et le passé avec un homme qui s’accroche à un pouvoir illégitime ».
Pour sa part, Dr Faya Millimono, président du Bloc Libéral, estime que cette démission ne sera pas la dernière que connaîtra le gouvernement. En tout état de cause, ce départ du gouvernement du Ministre Abdoulaye Yéro Baldé est un coup dur pour le Président Alpha Condé, car les deux hommes sont crédités d’un compagnonnage politique d’une trentaine d’années.