Guinée Bissau : tout pour la survie de l’enfant


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Lancement de la campagne de distribution de moustiquaires imprégnées

La Guinée Bissau est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique et la mortalité infantile y est élevée. Malgré le manque de structures sanitaires, l’Unicef a réussi à faire baisser la mortalité dans trois régions du pays, avec un package minimum axé sur la survie de l’enfant de 0 à 5 ans. Un succès prometteur pour l’organisation qui fête le 11 décembre les 60 ans de sa création. Plus d’un demi siècle d’actions au service de l’enfance malheureuse.

La Guinée Bissau, petit pays d’Afrique de l’Ouest coincé entre le Sénégal et la Guinée, est le sixième pays le plus pauvre du monde. 88% de ses 1,3 millions d’habitants vivent avec moins d’un dollar par jour, 124 enfants sur mille meurent avant leur premier anniversaire et 203 sur mille ne dépassent pas 5 ans. Les deux principales tueuses des petits Bissau Guinéens : la malaria et la diarrhée. Peu surprenant lorsqu’on sait que 40% de la population bissau-guinéenne n’a pas accès à l’eau potable et que presque 40% vit dans des maisons non pourvues de sanitaires. La vaccination de routine n’est pas assez répandue : seulement 27,1% des enfants âgés de 12 à 23 mois reçoivent la troisième dose de DTP (Diphteria-Tetanus-Pertussis). Les soins pré et post-natal sont très faibles, le dépistage du sida chez les femmes enceintes quasi-inexistant. Le statut nutritionnel des enfants et des femmes est aussi très pauvre : quelque 25% des enfants de moins de 5 ans sont en sous-poids ou trop maigres pour leur âge…

Un bilan triste mais pas désespéré. Tel semble être en substance le message délivré par l’équipe du bureau de l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance) sur place. L’organisation internationale, en collaboration avec le gouvernement, pilote l’ACSD (Accelerated Child Survival and Development), qui concerne 95 000 enfants âgés de 0 à 5 ans, dans trois régions du pays : Gabu, Bafata et Oio. Le but : démontrer que des interventions-clés et peu chères comme la vaccination, l’apport en vitamine A et l’utilisation de moustiquaires imprégnées peuvent réduire considérablement la mortalité infantile.

Premier résultats encourageants

Les premiers résultats sont encourageants : de 2002 à 2004, dans les trois régions, une baisse de 14% de la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans a été enregistrée. Le gouvernement semble vouloir étendre l’initiative à l’ensemble du pays (qui compte 7 régions) et l’Unicef l’appuie pour les régions très enclavées de Tombali et de Cacheu. Le projet, dont le coût est estimé à 1 million de dollars, permettrait de couvrir 122 000 enfants. A terme, l’Unicef souhaite toucher les 245 000 enfants de moins de 5 ans du pays. Les objectifs pour 2003-2007 sont d’améliorer la prévention et la prise en charge des maladies infantiles telles que la diarrhée, la pneumonie et la malaria, d’éradiquer la polio et le tétanos neonatal. L’Unicef soutient des programmes d’immunisation contre polio, la rougeole et le tétanos.

« On peut sauver des vies humaines et réduire la mortalité malgré de très mauvaises conditions, et on va le démontrer ! », affirme Jean Dricot, le représentant de l’Unicef. « Même dans des conditions économiques et sociales terribles, on peut avoir des résultats positifs. Le système de soins ne marche pas mais on introduit le package minimum pour la survie de l’enfant et, même s’il est difficile de mettre en place des stratégies quand le pays n’a pas de structures, on a réussi à organiser des choses nationales avec les ministères de la Santé et du Plan. Nos grandes activités en 2006 ont été la campagne contre la rougeole pour les 15 mois-9 ans, où nous sommes arrivés à un très bon taux de couverture, la supplémentation en vitamine A et le déparasitage. Nous voulons faire passer des messages simples. Par exemple, le lavage des mains peut, à lui seul, éviter un grand nombre de décès. »

Moustiquaires pour tous

En Guinée Bissau, 60% de la mortalité infantile est due au paludisme et la meilleure mesure préventive est la moustiquaire imprégnée. « Notre plus grande préoccupation en ce qui concerne les enfants est le palu », confirme Marylène Menezes, directrice régionale de la santé à Bafata, l’une des onze régions sanitaires du pays, qui se trouve à 150 km à l’Est de la capitale. De janvier à septembre 2006, l’hôpital de la région fait état de 11% d’enfants âgés de 0 à 14 ans tombés malades à cause de la malaria. « Une cinquantaine en sont morts, parce qu’ils sont arrivés trop tard ou que les parents n’avaient pas assez d’argent pour les soigner. Les enfants meurent de maladies respiratoires aigües et de diarrhées. Le traitement du palu simple coûte 250 F cfa (prix subventionné par l’Etat, dans une pharmacie, il coûte 1 000 F cfa, ndlr) et celui d’un palu grave 5 600 F cfa. Il faut que les gens aient conscience qu’avec 250 F cfa, on peut sauver son enfant si le traitement est précoce. C’est une question culturelle et d’habitude : ils attendent le dernier moment pour emmener leurs enfants à l’hôpital. Une mère ira d’abord chez le guérisseur traditionnel. Quand c’est vraiment grave, elle court à l’hôpital », précise la directrice régionale.

C’est pour cela que Marylène Menezes se réjouit de la campagne de distribution de moustiquaires imprégnées lancée le 15 novembre dernier à Gabu, la deuxième ville du pays, par le gouvernement, l’Unicef, l’Organisation mondiale de la Santé et Caritas. « D’habitude, c’est seulement pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. C’est la première fois qu’il y a une campagne nationale de distribution générale de moustiquaires. » Les choses avancent petit à petit en Guinée Bissau.

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