La Guinée-Bissau célèbre, ce 24 septembre, l’anniversaire de son indépendance et, à cette occasion, Manuel Serifo Nhamadjo, le président par intérim a accordé un entretien exclusif à Afrik.com au cours duquel il est revenu sur l’instabilité de son pays miné par les conflits politico-militaires dont il se sent responsable.
(De notre correspondant)
Afrik.com : Monsieur le président Manuel Serifo Nhamadjo, vous dirigez un gouvernement de transition depuis plus de six mois. La transition se passe-t-elle comme prévu ?
Manuel Serifo Nhamadjo : On est en train de faire un grand effort pour que le dialogue national se poursuive en impliquant toutes les formations politiques, la société civile et les chefs religieux pour que les fils de la Guinée se retrouvent autour d’une table et discutent des vrais problèmes de ce pays. C’est notre objectif premier. Nous sommes en train de gérer la transition avec nos partenaires au développement pour éviter les anciennes erreurs qui ont conduit le pays à ce retard. Sur cette dynamique, nous avançons lentement mais surement dans le processus de l’organisation des prochaines élections pour que ce pays retrouve sa stabilité. Parce que la population a trop souffert de ces crises politico-militaires.
Afrik.com : Une certaine presse guinéenne révèle que vous comptez vous présenter de nouveau à la prochaine présidentielle ?
Manuel Serifo Nhamadjo : Je peux vous dire que j’ai mis de coté mes intérêts personnels pour devenir président de transition tout en ne pensant pas me représenter, mais c’est une question de principe. Cependant, aucune loi guinéenne ne l’interdit, mais vous savez je suis dans une position d’accompagner le processus et je ne serai pas candidat à la prochaine présidentielle pour la bonne marche de la démocratie dans ce pays. Et c’est ce sacrifice, que nous attendons de tous les fils de la Guinée-Bissau. Nous voulons organiser des élections avec moins de contestation pour que le prochain puisse conduire ce pays dans les bonnes conditions et permettre à la Guinée-Bissau de décoller.
Afrik.com : Ce lundi 24 septembre, votre pays célèbre son 39e anniversaire d’indépendance, en tant qu’homme politique, présent pendant tous les évènements politiques, quel regard jetez-vous sur ces moments difficiles que votre pays a vécus ?
Manuel Serifo Nhamadjo : Comme toute chose dans la vie, il y a des bonnes choses et des mauvaises choses. On peut dire qu’on a commis des erreurs avec ces crises politico-militaires, beaucoup d’entre nous étaient fortement impliqués mais, je pense maintenant que les fils de ce pays son conscients des conséquences de ces conflits politiques. Il faut noter les efforts qui ont été faits dans le cadre des réformes institutionnelles, c’est un pas dans le bon sens.
Afrik.com : La sous-région est secouée par des crises politico-militaires, quelles solutions préconisez-vous ?
Manuel Serifo Nhamadjo : La meilleure solution pour résoudre un conflit, c’est le dialogue certainement, mais ce que je conseille à tous les chefs d’Etat africains, c’est d’être unis pour faire face à cette menace qui risque d’embraser toute la sous-région. C’est en étant unis que nous pouvons vaincre l’ennemi. En tout cas, mon pays est disponible pour tout processus de maintien d’ordre dans le cadre de la Cedeao.
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