Malam Bacaï Sanha a remporté mercredi le deuxième tour de l’élection présidentielle en Guinée-Bissau avec 63,52% des voix. Son adversaire, Kumba Yala, a accepté les résultats sans protester. Le scrutin s’est déroulé sans incident dans ce pays où la vie politique est d’habitude marquée par les coups d’Etat et les assassinats. Le nouveau président prend les rennes d’un Etat souvent affaibli par l’instabilitié, le trafic de drogue et une pauvreté chronique. Les espoirs de changement de la population bissau-guinéenne sont entre ses mains.
La Guinée-Bissau a choisi son nouveau président. Malam Bacaï Sanha, candidat du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-vert (PAIGC, majoritaire), a été élu au deuxième tour de la présidentielle, le 26 juillet, avec 63,52% des voix. Il succède au président Jaoa Bernardo « Nino » Vieira, assassiné le 2 mars 2009. Son principal opposant, Kumba Yala, du Parti de la Rénovation Sociale (PRS), a recueilli 36,48% des suffrages. Il n’a pas protesté. « J’accepte les résultats diffusés par la CNE (Commission nationale électorale). Je demande au nouveau président élu de travailler pour le développement de la Guinée-Bissau », a-t-il déclaré après la proclamation des résultats. Les candidats s’étaient engagés par écrit, la veille du scrutin, à en respecter l’issue et à employer les voix légales en cas de contestation. Les 150 observateurs internationaux sur place n’ont relevé aucune irrégularité lors du vote. Le nouveau président avait déjà remporté le premier tour de l’élection avec 39,59% des voix. 61% de la population s’est déplacée jeudi aux urnes.
Malam Bacaï Sanha, un visage connu de la politique guinéenne
Malam Bacaï Sanha, 62 ans, musulman, avait été président intérimaire de juin 1999 à mai 2000, après la guerre civile qui avait chassé du pouvoir le président Joao Bernardo Vieira. Il avait ensuite perdu les élections en 2000 contre Kumba Yala puis en 2005. Entre 1994 et 1998, il a été nommé ministre à plusieurs reprises. M. Sanha s’était battu contre le Portugal, aux côtés d’Amilcar Cabral, lors de la guerre de libération qui avait mené l’ancienne colonie à l’indépendance, en 1974. Originaire de la région de Quinara, il appartient aux beafada, une ethnie minoritaire représentant 7% de la population bissau-guinéenne. Il est diplômé en sciences politiques de l’Université de Berlin, dans l’ex-République démocratique allemande.
Les défis de la présidence
Son nouveau mandat ne sera pas de tout repos. D’abord, le président devra restructurer l’armée qui a chassé ou tué les trois derniers présidents. Cette année encore, des militaires se sont livrés à des assassinats politiques : en mars, le président en place, Nino Vieira, a été abattu par des militaires; et juste avant le premier tour, Baciro Dabo, ancien ministre de l’Administration territoriale et proche de l’ex-président Vieira, et Helder Proença, ancien ministre de la Défense, deux candidats à la présidentielle, ont été tués. «Plus personne ne sera assassiné en Guinée-Bissau si je remporte l’élection présidentielle», avait promis Malam Bacaï Sanha pendant sa campagne.
Il devra également lutter contre le trafic de drogue qui déstabilise les institutions du pays. En effet, les narcotrafiquants d’Amérique Latine ont fait de la Guinée-Bissau une plaque tournante de leur commerce en direction de l’Europe, souvent avec la complicité de l’armée. Enfin, un des défis majeurs du gouvernement est le développement économique du pays. Avec 1,5 millions d’habitants, la Guinée Bissau est un des Etats les plus pauvres du monde. La noix de cajou, qui représente 60% du revenu national, est une de ses uniques ressources, et les investisseurs étrangers sont rares. Après des élections sans incident, le chemin est encore long pour que la stabilité s’installe durablement en Guinée-Bissau. Mais Malam Bacaï Sanha, s’il respectait ses engagements et n’était pas courcircuité par l’armée, pourrait amorcer le redressement du pays.
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