En Guinée-Bissau, alors que Umaro Sissoco Embalo, déclaré vainqueur des dernières élections, a été investi le jeudi 27 février, le lendemain, Cipriano Cassama président de l’Assemblée nationale, a été investi Président par intérim. Mais cette page a été tournée le dimanche 1er mars avec la démission du Président par intérim, ce qui a permis à Embalo de conforter son pouvoir
Entre le jeudi 27 février et le dimanche 1er mars 2020, la Guinée-Bissau a connu des situations politiques assez inédites, qui faisaient filer directement le pays vers l’impasse, voire l’escalade. Mais un vent nouveau a vite soufflé, ce qui a quelque peu tempéré les ardeurs. C’est la démission de Cipriano Cassama, président de l’Assemblée nationale, investi Président par intérim le vendredi, qui a apaisé la tension et permis à Umaro Sissoco Embalo, investi le jeudi 27 février dans un hôtel de la place sans attendre une décision de la Cour Suprême, de conforter son pouvoir.
C’est à son domicile de Bissau que le président de l’Assemblée nationale a annoncé sa démission du poste de Président par intérim de la République de Guinée-Bissau, après qu’il ait été investi le vendredi par 54 sur 102 députés de l’Assemblée nationale. Selon certains, ce revirement est lié à des menaces de mort contre sa personne, sa garde rapprochée ayant été retirée par l’armée. Il s’est trouvé ainsi dans une situation d’insécurité et au-delà de cet aspect, il a également évoqué la raison d’éviter une guerre civile en Guinée-Bissau. Il a cependant affirmé qu’il reste président de l’Assemblée nationale.
En ce qui concerne l’armée, au vu des actes posés jusqu’ici, elle reste dans la trajectoire qu’elle avait dessinée durant la campagne électorale, en prenant l’engagement de ne plus faire de coup d’Etat. En tout cas, elle a réaffirmé sa disponibilité à accompagner le pouvoir du Président installé, en l’occurrence Umaro Sissoco Embalo, ce qui sera un facteur déterminant dans la recherche d’une solution permettant de dépasser la situation et d’engager le pays dans la voie du développement, en faisant en sorte que les Bissau-guinéens retournent au travail.
Pendant ce temps, la commission de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) continue d’insister sur la nécessité de laisser les organes en charge du déroulement du processus électoral et les institutions de l’Etat jouer leur rôle. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’elle a annoncé l’envoi i imminent d’experts à Bissau pour rencontrer la Cour Suprême et la Commission Nationale des Elections (CNE).
A rappeler que Sissoco Embalo a été donné vainqueur du second tour de la Présidentielle, par la commission électorale avec 53,55% contre 46,45% pour son challenger Pereira. Et depuis lors; une crise s’est installée avec la contestation des résultats par Pereira et le PAIGC, qui « dénoncent des fraudes et réclament qu’on recompte les votes ». L’un des pays les plus pauvres du monde, la Guinée-Bissau s’est empêtrée, depuis son indépendance, dans crise politique récurrente, marquée par des coups d’Etat et des assassinats