À 82 ans, le président Alpha Condé a prêté serment hier mardi devant le Conseil constitutionnel lors d’une cérémonie à Conakry, qui s’est déroulée en présence d’une douzaine de chefs d’Etats africains, dont Georges Weah (Liberia), Denis Sassou N’Guesso (Congo), Bah N’Daw (Mali). Il a ainsi profité de l’occasion pour appeler les Guinéens à « oublier le passé ».
« Moi Alpha Condé, président de la République élu conformément à la Constitution, je jure devant le peuple guinéen et sur mon honneur, de respecter et faire respecter scrupuleusement les dispositions de la Constitution des lois et décision de justice, de défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, en cas de parjure, que je subisse les lois et les rigueurs de la loi… », a promis Alpha Condé? lors de son investiture.
La Guinée a « besoin d’un véritable sursaut national afin de consolider notre commun désir de vivre ensemble, fondé sur l’intérêt national et le respect de nos institutions », a affirmé le chef de l’État, ancien opposant historique, élu en 2010, puis réélu en 2015, dont l’opposition dénonce les dérives autoritaires. « Nous aspirons tous à un changement profond et rapide. C’est pourquoi il faut changer les pratiques et les méthodes. Nous nous engageons à lutter avec fermeté contre la corruption, le copinage et le clientélisme », a ajouté Alpha Condé.
À 82 ans, Alpha Condé entame un nouvel exercice de six ans, renouvelable une fois s’il le souhaite. L’homme fort du pays s’est imposé dès le premier tour, le 18 octobre dernier, avec près de 59,49% des voix, à l’issue d’une élection présidentielle controversée de bout en bout. En mars, le leader du RPG avait modifié la Constitution, limitant désormais le nombre de mandats à deux mais remettant au passage les compteurs à zéro pour le pouvoir en place.
La nouvelle candidature du professeur Alpha Condé avait provoqué de nombreuses manifestations et des scènes de violences qui ont causé la mort de dizaines de civils. Son principal opposant, Cellou Dalein Diallo, deuxième du scrutin, avec un peu plus de 33% des suffrages, a dénoncé un « coup d’Etat » constitutionnel et refusé de reconnaître le verdict des urnes. Mais le représentant de l’UFDG a dû se plier à la décision de la Cour constitutionnelle qui a rejeté les recours et validé, début novembre, les résultats proclamés par la Commission électorale nationale (CENI).