Mariama a l’air abasourdi quand elle raconte comment un mur lui est tombé dessus tandis qu’elle pénétrait dans une maison à la recherche d’un enfant après l’inondation. Elle a des ecchymoses sur les bras et les jambes et une entaille dans le dos. Les habitants du quartier de Dabondy, tout près de la route qui mène à l’aéroport de la capitale guinéenne, Conakry, demandent l’aide des autorités et des organisations d’aide après que les pluies torrentielles de la semaine dernière ont inondé les maisons, emporté leurs possessions et détruit certaines récoltes que des locaux font pousser à proximité.
« Le travail [qu’il faut faire pour éviter les inondations] est colossal », a dit Sékou Diallo, un résident, à IRIN. « On demande à ce que les autorités nous viennent en aide parce que c’est un travail très, très difficile ».
« SOS ».
Les habitants de Dabondy estiment que le quartier n’a pas les infrastructures nécessaires pour évacuer l’eau. Tous ceux à qui IRIN a parlé ont signalé un pont bas, à proximité, sous lequel les déchets s’armassent et gênent le passage de l’eau. Le mélange de résidus de combustible et de débris a aggravé l’engorgement et causé des dommages aux récoltes, ont dit les résidents.
D’autres quartiers de Conakry ont été touchés par les inondations, mais des locaux estiment que Dabondy a été particulièrement durement affecté par les récentes pluies.
Le maire de Matoto – la commune – et des responsables du ministère de la Santé ont visité le site après les pluies, ont dit des résidents à IRIN. Les habitants devaient rencontrer le gouverneur de Conakry pour la deuxième fois le 10 août afin de lui demander son aide, a indiqué Léno Saa Christophe, un résident.
Les habitants de Dabondy ont l’habitude des inondations : dans l’ensemble du quartier, des passerelles de rondins ou de tuyaux sont installées là où les eaux stagnantes sont plus profondes. Certaines personnes ont construit leur maison avec une porte d’entrée située à deux ou trois pieds du sol, avec des plateformes en bois ou des marches pour y accéder. La zone est située sur des basses-terres et l’eau jaillit parfois du sol.
Conakry reçoit chaque année des pluies abondantes et, même dans le centre-ville, certaines rues se transforment parfois, pendant plusieurs heures, en torrents. Pourtant, selon des habitants qui vivent à Dabondy depuis 15 ou 20 ans, les pluies de cette année battent des records – et la saison n’est pas terminée.
Des précipitations supérieures à la moyenne sont en effet attendues cette saison en Guinée et dans d’autres pays de la zone sud du golfe de Guinée, selon la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FIRC).
« Chaque année, nous sommes victimes d’inondations. Mais cette année est exceptionnelle », a dit M. Léno à IRIN. « Le niveau de l’eau n’a jamais été aussi haut ».
De nombreuses maisons étaient encore inondées deux jours après les pluies. Les habitants continuent de placer des sacs de sable et de vider l’eau des maisons avec des seaux.
D’après les habitants, le quartier de Dabondy, à Conakry, est chaque année frappé par des inondations pendant la saison des pluies
L’une des résidentes, qui s’est présentée comme Madame Bah, a indiqué que les eaux avaient submergé un puits communautaire et fait basculer le couvercle. Le puits était utilisé pour tirer de l’eau pour la cuisine et le bain ; pour l’eau potable, les habitants vont remplir des jerricans au robinet collectif, situé environ cinq kilomètres plus loin.
D’après le maire, Mohamed Cherif Haïdara, les habitants sont nombreux à avoir construit leur maison sur des basses-terres qui ne sont pas indiquées pour la construction. « Ils n’ont consulté personne avant de bâtir. En plus, plusieurs maisons sont faites de banco [boue mélangée à d’autres matériaux organiques comme de la paille] ».
Il a indiqué ne pas souhaiter commenter davantage la situation pour l’instant et s’attendre à ce qu’une décision soit prise, dans les prochains jours, quant aux mesures à prendre pour éviter les inondations dans cette zone à l’avenir.
Coincés
Les habitants de Dabondy ont indiqué qu’ils quitteraient cette zone sujette aux inondations s’ils en avaient les moyens.
« On est là seulement par manque de moyens », a indiqué une femme qui a préféré garder l’anonymat. « Les loyers sont plus bas. Ici, une maison avec une chambre coûte 20 000 francs guinéens (4,15 dollars) par mois. Dans d’autres quartiers de Conakry, le loyer peut être cinq fois supérieur ou même plus ».
Madame Bah a ajouté : « C’est notre maison. Nous ne pouvons nous permettre de payer un loyer plus élevé ailleurs. Un propriétaire nous demanderait six mois de loyer en avance. Nous n’avons pas assez d’argent pour nourrir nos enfants correctement ; comment pourrions-nous nous permettre de déménager et de louer une autre maison ? »
« Si nous ne trouvons pas de solution, nous mourrons ici », a-t-elle dit.
Photo: Nancy Palus/IRIN