Le nouveau Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, Secrétaire général des Forces nouvelles (FN, ex-rébellion) a rencontré, dimanche, à huis clos, à Bouaké, la quasi-totalité des chefs de guerre, la hiérarchie militaire, les cadres politiques et les représentants des différentes communautés de la capitale du Centre.
Selon des participants qui se sont confiés à la PANA sous couvert de l’anonymat, la rencontre a pris l’allure d’une véritable séance d’explication au cours de laquelle le nouveau chef du gouvernement ivoirien a tenté de répondre aux interrogations de ses hommes.
Ces interrogations auraient notamment porté sur la composition du gouvernement, la suppression de la « Zone de confiance », la formation du Centre de commandement intégré (CCI) que certains responsables militaires des Forces nouvelles estiment « baclée » et la visite annoncée du président Laurent Gbagbo à Bouaké, une nouvelle qui ne semble pas faire l’unanimité au sein des populations du Quartier général de l’ex-rébellion ivoiriennne.
Méfiance à l’encontre de Laurent Gbagbo
Aux dires des témoins de la rencontre, le leader des Forces nouvelles a eu beaucoup de mal à convaincre ses interlocuteurs, dont beaucoup cachaient difficilement leur scepticisme quant à l’avenir du gouvernement de consensus et, surtout, leur méfiance à l’encontre du chef de l’Etat, Laurent Gbagbo.
« Nous sommes dans un gouvernement de transition négocié. Dans la mesure où vous me laissez aller, acceptez que eux aussi ils viennent chez nous », a notamment plaidé M. Soro, qui a tenu à réaffirmer son autorité sur l’ensemble des ministres de son gouvernement même si le camp présidentiel détient des portefeuilles aussi sensibles que la Défense, l’Intérieur et la Sécurité, en réponse à ceux qui l’accusent d’avoir « tout cédé à Gabgbo ».
« De toutes les façons, le chef du gouvernement il n’y en a pas deux. Soyez sereins, le Premier ministre c’est quand même moi », a-t-il lancé, invitant ses interlocuteurs à aider et à soutenir le nouveau gouvernement.
Une répartition des Ministères contestée
Constitué le 7 avril dernier, à Abidjan conformément à l’Accord inter-ivoirien de paix de Ouagadougou signé le 4 mars dernier dans la capitale burkinabé par le président Gbagbo et M. Soro, le leader des Forces nouvelles, le gouvernement de consensus compte trente-trois ministres dont un seul ministre d’Etat.
Le Front populaire ivoirien (FPI, le parti au pouvoir) et la majorité présidentielle contrôlent douze départements dont ceux « stratégiques » de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité.
L’ex-rébellion en a sept au total et les deux poids lourds de l’opposition que sont le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, l’ex-parti unique) et le Rassemblement des républicains (RDR, opposition libérale) conservent, chacun, les cinq maroquins dont ils disposaient dans l’équipe de M. Charles Konan-Banny.