Les autorités ivoiriennes promettent de reprendre le contrôle du pays avant la fin du week-end. Pour le président Laurent Gabgbo, l’heure de la bataille a sonné. Les mutins semblent déterminés et marchent sur la capitale politique, Yamoussoukro.
C’est la confusion totale en Côte d’Ivoire. Si la situation est redevenue normale dans la capitale économique, Abidjan, ailleurs c’est le flou le plus total. Les mouvements de troupes de l’armée régulière laissent supposer que les mutins ne sont pas prêts à rendre leurs armes. Rentré précipitamment de Rome, le président ivoirien annonce que « l’heure de la bataille a sonné ». Très solennel au cours de son intervention télévisée, Laurent Gabgbo se dit prêt à livrer une guerre totale. Mais la situation a pris une dimension régionale : les autorités ivoiriennes accusent un pays voisin de soutenir les mutins. « Des forces extérieures soutiennent les terroristes. Nous avons la confirmation qu’il y a des mercenaires étrangers. Cette action a été préparée depuis un pays étranger, un Etat voyou dans la sous-région », affirme Alain Toussaint, conseiller en communication de Laurent Ggbagbo, sans autre précision.
Qui a tué Gueï ?
De source sûre, le général Robert Gueï, auteur du premier coup d’Etat en 1999 et accusé par le gouvernement ivoirien d’être l’instigateur du coup d’Etat en cours, ainsi que son épouse Rose auraient été abattus dans leur domicile dès le début de la mutinerie. Par qui ? Le ministre de la Défense, Moïse Lida Kouassi, avait affirmé qu’il avait été tué vendredi dernier lors d’affrontements entre l’armée régulière et les mutins. Cependant, cette thèse est démentie par de nombreux témoignages. Dans le même temps, l’ancien Président Henri Konan Bédié s’était déjà réfugié à l’Ambassade du Canada tandis que l’opposant Alassane Ouattara, d’abord protégé à l’Ambassade d’Allemagne, avait rejoint la Résidence de l’Ambassadeur de France sous protection de l’armée française et de la gendarmerie ivoirienne. Sa maison fut en revanche brûlée, après le couvre-feu, jeudi dans la nuit.
Sur le plan régional, le Burkina Faso a pris des « mesures pour empêcher toute infiltration à la frontière avec la Côte d’Ivoire ». Le pays des Hommes intègres est accusé par Abidjan de servir de base arrière pour les rebelles.
Ratonnades et rébellion
Dès vendredi, les gendarmes s’en sont pris aux immigrés à Abidjan. Le bidonville situé dans le quartier populaire d’Agban-Deux plateaux a été incendié par les forces de l’ordre, poussant les habitants, pour la majorité des Ghanéens et des Burkinabè, à prendre la route. En laissant derrière eux leurs maigres fortunes.
Les rebelles, qui contrôlent toujours Bouaké, la seconde ville du pays, et Korhogo, capitale de la province des Savanes dans le Grand nord, marchent sur Yamoussoukro, la capitale politique, qu’ils avaient d’abord contrôlée, et que le pouvoir central avait repris. Selon des informations exclusives d’Afrik, une partie des mutins a déjà pris le contrôle de nombreux postes stratégiques de la ville et la police a même disparu des rues de Yamoussoukro.
La France a dépêché samedi à la demande du gouvernement ivoirien des renforts sur Abidjan, afin « d’assurer la sécurité de ses ressortissants », très nombreux en Côte d’Ivoire.