Malgré les démentis d’Addis Abeba, de nombreux témoignages confirment le retour des troupes éthiopiennes en territoire somalien. L’Ethiopie, qui avait quitté le pays quatre mois auparavant, réagit à l’avancée des islamistes radicaux contre les troupes du gouvernement de transition.
La situation se complique en Somalie. Depuis mardi matin, plusieurs témoins ont déclaré avoir vu des soldats envoyés par Addis Abeba à l’ouest de la Somalie, au niveau de la localité de Kalabeyrka située à 300 km de Mogadiscio. «On nous a rapporté que l’Ethiopie avait déployé des centaines de soldats et douze véhicules blindés à Kalabeyrka mais nous ne savons rien de leurs intentions pour le moment», a affirmé Abdinur Moalim Omar, un chef coutumier de Beledweyne. Un haut responsable de l’Union Africaine a indiqué à l’AFP qu’il ne serait « pas surpris outre mesure que les Ethiopiens interviennent de nouveau parce qu’ils ne peuvent accepter de voir les insurgés islamistes arriver à leur frontière ».
Pourtant, Addis Abeba déclarait lundi n’avoir aucune intention d’agir : « Les évènements récents montrent clairement que la situation empire (…). Nous suivons attentivement la situation et avons le sentiment que pour le moment les problèmes sont contenus en Somalie », a déclaré lors d’une conférence de presse à Addis-Abeba le ministre de la communication éthiopien, Bereket Simon. Mardi, le gouvernement continuait de démentir les témoignages des Somaliens.
Déjà, en 2006, l’Ethiopie avait soutenu le gouvernement de transition de Mogadiscio en envoyant des troupes contre les forces des Tribunaux islamiques. Ces derniers avaient pris le contrôle de la quasi-totalité du pays. En 2007, L’ONU avait supervisé un processus de « réconciliation nationale » accepté par le président actuel, Cheikh Shariff Cheikh Ahmed, islamiste modéré, mais toujours rejeté par le chef de l’insurrection, Cheikh Hassan Dahir Aweys, un radical. Les troupes éthiopiennes se retirées de Somalie il y a quatre mois, en janvier 2009.
La population souffre des violents combats armés
Depuis le 7 mai, les Shabab, un groupe de dissidents des tribunaux islamistes, et Hizbul Islam (Parti de l’islam) se battent contre les forces pro-gouvernementales. Ces derniers jours, ils ont pris les localités stratégiques de Jowhar, la ville natale du président, ainsi que Mahaday, et contrôlent maintenant la majeure partie du pays, ce qui menace le Gouvernement d’union nationale (GUN) du nouveau président.
Les combats entre les troupes régulières somaliennes et les dissidents ont fait 135 morts et 413 blessés civils, d’après le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Aujourd’hui, le HCR a annoncé qu’environ 43 000 personnes ont fui les combats de Mogadiscio au cours des douze derniers jours pour se réfugier dans des villes voisines, des pays frontaliers ou des camps qui accueillent déjà près de 400 000 personnes. Selon le chef de délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Somalie, « les Somaliens ont de nouveau été sujets à des souffrances insupportables ». Certains des réfugiés venaient juste de rentrer chez eux, profitant du calme relatif dans la capitale.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui soutient le gouvernement de transition, a condamné l’insurrection dans une déclaration adoptée à l’unanimité vendredi 15 mai.
L’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igdad) qui regroupe sept pays d’Afrique de l’est s’est réunie cet après-midi lors d’une session extraordinaire à Addis Abeba. Elle appelle l’ONU à un blocus maritime et aérien de la Somalie et demande également des mesures contre l’Erythrée, accusée de fournir des armes aux insurgés.