
Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan séjourne, depuis lundi soir, à Kinshasa, où il doit rencontrer les autorités du pays au sujet de l’enquête en cours sur les crimes commis dans le Nord-Kivu. Depuis la capitale congolaise, il a lancé son cri de cœur.
Alors qu’il a ouvert depuis octobre dernier une enquête à la demande des autorités congolaises sur les crimes commis dans la province du Nord-Kivu pour compter du 1er janvier 2022, et que l’appel à témoins est en cours, le Procureur de la CPI s’est personnellement déplacé en RDC pour rencontrer non seulement les autorités du pays, mais également la représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU, Bintou Keita. Depuis Kinshasa où il est arrivé, lundi soir, Karim Khan s’est ouvert sur la tragédie qui se déroule à l’Est de la RDC.
« Nous sommes très inquiets de ce qui se passe en République Démocratique du Congo »
Devant la presse, Karim Khan n’a pas caché son inquiétude face à la guerre à l’Est du pays. « Comme le reste du monde, nous sommes très inquiets de ce qui se passe en République démocratique du Congo, nous savons que la situation, particulièrement à l’Est, est très très inquiétante, des centaines de personnes sont mortes et des milliers d’autres sont blessées », a-t-il regretté. Avant de poursuivre : « Combien de générations de vos enfants peuvent être sacrifiées ? Trop c’est trop, ça, c’est le cri ne venant pas des avocats ou des juristes, mais c’est un cri qui vient des enfants et des familles de la République Démocratique du Congo ».
Insistant sur le fait que le problème congolais ne doit pas être minoré, le Procureur a rappelé que le pays est victime depuis de nombreuses années de l’immixtion d’acteurs étrangers dans ses affaires. Mais, par-dessus tout insiste-t-il, les populations, elles, en dépit des problèmes qui sont réels en RDC, « ont choisi la paix, pas la guerre ». C’est pourquoi la Cour pénale internationale veut s’impliquer à fond pour le retour de la paix et de la quiétude à l’Est du pays « Nous souhaitons amener de nouveaux partenaires afin d’essayer d’instaurer une approche solide, compréhensive, durable et holistique à la justice qui éradiquera le poison de criminalité du sol congolais et qui permettra à vos enfants d’avoir un meilleur futur après ces jours sombres que vous vivez aujourd’hui ». Mais, Karim Khan reconnaît que la tâche ne sera sans doute pas facile.
Un message ferme adressé aux groupes rebelles
Tout en déplorant ce qui se passe à l’est de la RDC, Karim Khan adresse un message de fermeté aux groupes rebelles qui sèment la terreur dans le pays, mais également aux groupes armés alliés des FARDC. « Le message doit absolument passer clairement : tout groupe armé, toutes forces armées, tous les alliés des groupes armés et des forces armées n’ont pas un chèque blanc, ils doivent se conformer aux normes et aux lois internationales et je suis très clair là-dessus, la loi doit être effective ».
De l’avis du Procureur, tous les individus, autant qu’ils sont, doivent se conformer au statut de Rome. « Personne ne peut attaquer les civils, blesser les gens, tuer les gens », insiste-t-il. Avant de faire un parallélisme : « Les populations de la République démocratique du Congo sont aussi précieuses que les gens de n’importe où à travers le monde, vous êtes aussi précieux que les gens de l’Ukraine, les gens d’Israël et de la Palestine ».