Guerre des tomates : la France et le Maroc trouvent un compromis après des mois de tensions


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Tomates
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Après plusieurs mois de tensions, la France et le Maroc ont trouvé un accord visant à réguler les exportations de tomates marocaines vers la France et l’Union européenne (UE). Ce compromis, qui entrera en vigueur à la mi-mars 2025, cherche à atténuer l’impact de la concurrence sur les producteurs français en évitant un chevauchement des périodes de mise sur le marché des tomates-cerises marocaines et françaises.

Un accord après des négociations difficiles

La France et le Maroc ont trouvé un accord sur la commercialisation des tomates. Le règlement de cette question devrait se concrétiser dans les prochains jours, mi-mars 2025, selon des sources proches du dossier. Ainsi, l’accord devrait réduire les frictions récurrentes entre les producteurs et les distributeurs des deux pays.

L’accord découle de plusieurs mois de discussions entre les représentants des filières agricoles des deux pays. En 2024, quatre réunions ont été organisées pour définir des modalités de régulation des exportations et de protection du marché français.

L’une des mesures phares prévoit que les tomates-cerises marocaines ne seront plus exportées vers la France avant la pleine saison de production locale. Cette décision vise à réduire la pression exercée sur les producteurs français pendant les périodes de forte concurrence. Toutefois, les agriculteurs français continuent de réclamer une révision de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Maroc, qui permet aux tomates marocaines d’entrer sur le marché européen sans droits de douane.

Préoccupations françaises : un marché saturé par les tomates marocaines

Le ministère français de l’Agriculture a exprimé de vives préoccupations quant à l’impact des importations de tomates marocaines sur le marché européen. L’accord de libre-échange signé en 2012 autorise l’exportation de 285 000 tonnes de tomates marocaines exemptées de droits de douane entre le 1er octobre et le 31 mai. Au-delà de ce seuil, des droits réduits s’appliquent, facilitant une hausse des exportations marocaines vers l’Europe.

Les producteurs français et espagnols dénoncent cette situation, estimant que l’afflux massif de tomates marocaines a contribué à une chute des prix, compromettant la rentabilité de leurs exploitations. Selon des estimations sectorielles, les exportations marocaines de tomates ont atteint 500 000 tonnes en 2019, un chiffre qui dépasse largement le quota prévu initialement. En Espagne, les pertes économiques liées à cette concurrence sont évaluées à plus de 71,7 millions d’euros sur les cinq dernières années.

Accusations de pratiques commerciales déséquilibrées

Outre l’impact économique, les syndicats agricoles européens accusent le Maroc de pratiques commerciales discutables. Ils pointent notamment la vente de tomates en vrac à des prix sous-évalués, ce qui pourrait permettre de contourner certaines obligations douanières. De plus, les producteurs français et espagnols demandent une différenciation tarifaire entre les différentes variétés de tomates, notamment les tomates-cerises, afin de mieux réguler le marché.

Un autre point de friction concerne les tomates cultivées au Sahara Occidental, un territoire que le Maroc considère comme partie intégrante de son territoire. Cependant, comme le prévoit le droit international qui considère qu’il s’agit d’un territoire à décoloniser, les organisations agricoles européennes estiment que ces produits ne devraient pas bénéficier des conditions préférentielles accordées aux exportations marocaines dans l’UE et même avoir un étiquetage spécifiant leur pays d’origine, c’est à dire le Sahara occidental et non le Maroc.

Si l’accord franco-marocain de mars 2025 contribue à stabiliser temporairement le marché, il ne règle pas l’ensemble des revendications des producteurs européens. La pression pour une révision de l’accord de libre-échange avec l’UE reste forte, et la question des pratiques commerciales demeure un enjeu crucial pour l’avenir des filières agricoles des deux côtés de la Méditerranée.

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