La constitution, ce week-end, de la société Douala stock exchange préfigure l’ouverture de la future bourse des valeurs mobilières de Douala. Réjouissante nouvelle pour le Cameroun, mais camouflet pour le Gabon qui venait d’annoncer la création d’une bourse à Libreville censée regrouper toutes les grandes sociétés d’Afrique centrale.
Il y a un an, lors de la conférence de N’Djamena, les dirigeants de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) s’étaient tous accordés pour élire Libreville comme siège de la bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC). D’aucuns avaient alors salué l’habileté d’Omar Bongo, remarquant qu’il avait ainsi réussi un joli coup en l’absence de Paul Biya à la réunion. Le Cameroun, véritable » poids lourd » économique de l’Afrique centrale, n’a cependant eu de cesse de s’opposer à cette décision.
La course à l’ouverture
Avec la présentation officielle du projet de création de la bourse de Libreville il y a à peine deux semaine, les choses se sont accélérées. La BVMAC était fin prête. Elle annonçait son démarrage avec 2 530 milliards de F cfa et se réjouissait de la présence de quelques 32 sociétés des six pays de la CEMAC, parmi lesquelles des sociétés pétrolières implantées dans la région.
Deux bourses. La tenue d’une assemblée générale constitutive de la Douala Stock Exchange samedi et dimanche dernier ressemble assez à l’arrivée des nuages dans un ciel un peu trop bleu. Le capital de cette société anonyme, détenu en majorité par les principaux établissements bancaires du Cameroun et en partie par l’Etat, s’élève à 1,2 milliard de F cfa. Depuis sa création, on sait donc que la CEMAC n’aura pas une, mais deux bourses. Et le Cameroun de signifier ainsi aux pays d’Afrique centrale qu’il n’est pas prisonnier de leurs décisions.
La CEMAC au centre des débats
» Le problème, c’est qu’aucune sanction n’est prévue lorsqu’un pays décide de ne pas se conformer aux exigences de la CEMAC « , reconnaît, impuissant, un administrateur de la Banque des Etats d’Afrique Centrale. » Savoir comment le marché va réagir relève de la divination, mais on peut malgré tout se douter que les sociétés camerounaises, pour des questions de patriotisme, vont bouder la bourse de Libreville. Il faut espérer qu’à terme il y aura quand même une fusion des deux marchés « , poursuit notre interlocuteur.
En attendant, il faudra déjà attendre quelques semaines, voire quelques mois, avant les premières transactions boursières à Douala, en raison notamment de la mise en place des procédures d’agrément. Peut-être que d’ici là, les divisions des pays d’Afrique centrale se seront atténuées : » La présentation du projet à Libreville n’était qu’une réunion de sensibilisation des investisseurs potentiels. La réunion de Douala n’est que la première assemblée générale de la société appelée à devenir la Bourse de Douala « , commente, laconique, Andre Ryba, spécialiste bancaire principal à la Banque mondiale au Cameroun.