Meles Zenawi, le Premier ministre éthiopien, a dénoncé jeudi « la position contre-productive des Nations unies » dans la crise somalienne. De son côté l’ONU a rappelé, mercredi, son intention de poursuivre ses travaux préparatoires pour le déploiement éventuel d’une force de paix en Somalie, un pays en proie à la guerre civile depuis 1991.
« Là-bas, la situation est difficile, mais il pourrait y avoir moins de battage et d’exagération », a déclaré à la BBC, Meles Zenawi. Le chef du gouvernement éthiopien a accusé, jeudi, les Nations unies de participer à la crise somalienne. Pour M. Zenawi qui a envoyé, en mars 2006, ses troupes en Somalie pour soutenir le gouvernement de transition à chasser les milices islamistes, la position onusienne est « contre-productive ». « Il semble que des agences onusiennes font plus de mal que de bien en reprenant des rapports infondés d’autres agences sans avoir essayé d’en vérifier les faits », a expliqué, jeudi, le Premier ministre à la chaîne anglaise. Selon les Nations unies, les affrontements entre les rebelles et les forces éthiopiennes à Mogadiscio, la capitale somalienne, ont créé la plus grave crise humanitaire en Afrique. A ce propos, le conseil de l’ONU a appelé, mercredi, « toutes les parties en Somalie à assurer un accès à toute l’aide humanitaire et à remplir leur responsabilité et leurs obligations ».
Interrogé sur l’action des ses troupes en Somalie, le Premier ministre éthiopien, qui est aussi la cible des critiques, a démenti avoir sous estimé la force des islamistes. « Notre objectif de départ était de stopper l’influence djihadistes en Somalie et de tenter de les empêcher de prendre le contrôle du pays. C’est ce que nous avons fait en plusieurs semaines » s’est-il défendu devant la BBC. Il a également rejeté les accusations concernant l’implication de ses troupes dans des fusillades sur la population. M. Zenawi a déclaré que « tuer des civils serait pour eux du suicide, ajoutant que « néanmoins, il était inévitable de faire des victimes parmi les habitants, dans certaines zones ».
Y aura t-il une force de l’ONU en Somalie ?
Le chef du gouvernement a déploré le retard pris dans le déploiement des forces de maintien de la paix de l’Union africaine, qui n’a pu envoyer que 1600 soldats ougandais sur les 8000 militaires prévus. « Je comprends pourquoi l’Union Africaine n’a pas les ressources pour tenir sa promesse, mais j’espère que ceux qui ont ces ressources soutiendront l’Union africaine pour qu’elle puisse déployer ses troupes », a souligné Meles Zenawi.
Réuni mercredi, le conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé son appel à poursuivre les travaux préparatoires au déploiement éventuel d’une force de paix en Somalie mais n’a pas certifié l’envoi de ses troupes dans le pays. Pourtant l’UA souhaite que les Nations unies prennent le relais de leur force, baptisée Amisom, jugée « sous-financée et en sous-effectif ». Projet qui semble plutôt compromis aux dires du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon qui avait estimé, dans un rapport publié le 8 novembre dernier, qu’une force multinationale n’« était pas une option réaliste et viable » et préconisait plutôt d’envisager « d’autres options » pour sécuriser la Somalie et sa capitale.
Mogadiscio est le théâtre de violences régulières depuis la débâcle, il y a dix mois, des islamistes qui ont perdu les régions qu’ils contrôlaient depuis 2006.