La France est entrée dans son troisième jour d’intervention militaire au Mali. L’implication de l’Algérie est devenue incontournable. Après s’être fortement opposée à l’envoi de troupes armées sur le sol malien, l’Algérie est désormais ouvertement entrée dans le conflit en autorisant le survol de son espace aérien aux avions français.
L’Algérie ouvre son espace aérien aux Rafales français. Elle qui prônait le dialogue plutôt que l’arme, la voici désormais engagé dans le conflit malien. L’annonce a été faite ce dimanche par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, à l’émission Grand Jury LCI-Le Figaro-RTL : « L’Algérie a autorisé sans limite le survol de son territoire aux avions français ». Son homologue algérien, Mourad Medelci, a quant à lui préféré garder le silence. Seul un communiqué diffusé par le gouvernement algérien précise que le Premier ministre malien, Diango Cissoko, a été reçu hier, dimanche, par son homologue Abdelmalek Sellal afin de trouver ensemble « les voies et moyens à même de renforcer la coopération entre les pays du champ et les partenaires extra-régionaux pour éradiquer le terrorisme et le crime organisé qui constituent une menace pour la stabilité et la sécurité dans la région du Sahel ».
La participation de l’Algérie a été préparée en amont. Déjà fin octobre 2012, elle avait déployé 35 000 militaires aux frontières sud avec le Mali afin d’empêcher toute infiltration sur son territoire d’éléments djihadistes. Le pays avait-il le choix ? Le patron des Services maliens, M. Maïga, en était en tout cas persuadé, l’Algérie « finira par rentrer dans le rang dès que la guerre se déclarera » !
Eradiquer le terrorisme
La rencontre organisée ce dimanche au Palais du gouvernement entre Mourad Medelci et son homologue malien, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia, et le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a permis d’offrir « l’occasion aux deux parties de procéder à un échange de vues approfondi sur la situation au Nord-Mali et les efforts en cours pour un règlement de la crise multidimensionnelle qui affecte ce pays », a précisé le gouvernement algérien.
Abdelmalek Sellal a de son côté rencontré, samedi dernier à Ghadamès, ses homologues tunisien et libyen. Changement de ton au sommet de l’Etat. Ce dernier a précisé que l’Algérie avait « soutenu au maximum le dialogue » mais que désormais elle se devait de passer à l’acte étant donné que la région est victime « d’atteinte à la sécurité ». Tel un éveil, le Premier ministre algérien appelle « à être ferme ». Plus qu’une « simple affaire de terrorisme », Sellal parle de « crime organisé où sont utilisés les stupéfiants et le blanchiment d’argent ». Pourtant plusieurs experts de la région avaient dès le début mis en garde la république pétrolière. L’ancien ministre et ancien diplomate Abdelaziz Rahabi regrette que son pays est voulu « gérer » dans le privé un dossier très sensible alors qu’une guerre a lieu aux portes de l’Algérie et que trois diplomates algériens sont gardés en otage.
Selon le chef de la diplomatie française, l’intervention française n’est qu’ « une question de semaines » avant que la force africaine ne prenne le relais. Ce jour-là, il faudra que « les Algériens ferment leurs frontières » avec le Mali pour empêcher les combattants islamistes de revenir vers leurs bases, a ajouté le ministre a jouté Laurent Fabius.