Guerre à l’est de la RDC : la trêve humanitaire violée à Masisi


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Le M23 sème la terreur dans le Nord-Kivu
Des rebelles du M23

La trêve humanitaire de deux semaines, annoncée il y a quelques jours par les États-Unis dans la guerre à l’est de la RDC; a été violée ce mercredi. À Masisi, des affrontements ont opposé le M23 à une milice locale.

Le jeudi 4 juillet 2024, les États-Unis ont annoncé le début d’une trêve humanitaire de deux semaines dans l’est de la RDC. Cependant, après quelques jours d’accalmie, des affrontements ont été répertoriés mercredi, en territoire de Masisi (Nord-Kivu), selon des informations rapportées par le site d’information radiookapi.net.

Des affrontements déclenchés par le M23

De violents combats ont opposé le M23 à l’Alliance des nationalistes congolais pour la défense des droits humains (ANCDH), un groupe armé local à l’ouest du groupement de Bashali Mokoto, précisément dans les villages Nyange et Bibwe.

Ces affrontements, qui ont duré plusieurs heures dans la journée du mercredi, auraient permis au M23 de prendre le contrôle du village de Nyange. Selon les informations recueillies localement, le M23 est à l’origine de ces affrontements puisqu’il a été le premier à lancer l’attaque. Le mouvement rebelle a réussi à déloger l’Alliance des nationalistes congolais pour la défense des droits humains de son quartier général sis à Kitso, localité située à 9 km du village de Nyange.

Une situation confuse

Lundi 8 juillet, un rapport publié par des experts onusiens sur la situation à l’est de la RDC a mis en évidence un « support actif » de l’Ouganda au M23. Très vite, le porte-parole de l’armée ougandaise est monté au créneau pour rejeter tout soutien de son pays au mouvement rebelle. « Ce rapport n’a absolument aucun fondement scientifique. Il manque de documentation et il est biaisé », a d’abord assené le brigadier général Félix Kulayigye. Avant d’enchaîner : « Nous n’avons aucune raison de soutenir ces rebelles, alors que nous faisons partie des mécanismes régionaux pour la résolution des conflits dans l’est de la RDC. Que des gens fassent ce genre d’allégations est une façon de saboter les efforts que nous entreprenons, plutôt que de les soutenir ».

Pour Félix Kulayigye, l’Ouganda n’a jamais été utilisé comme base par le M23. Ce que le pays fait, à l’en croire, c’est d’accueillir les réfugiés « pour leur propre sécurité, en accord avec la politique de Nations unies ». C’est pourquoi il ne ménage pas du tout les auteurs du rapport : « Si ces experts sont réellement des Nations unies, ils devraient soutenir les efforts régionaux pour trouver une solution pacifique, plutôt que de nous accuser de prendre parti ».

Évoquant la lutte commune menée par l’armée ougandaise et les FARDC contre les ADF dans la province de l’Ituri, le brigadier général s’interroge : « Pourquoi, est-ce que l’on soutiendrait un groupe qui se bat contre le gouvernement avec lequel nous travaillons ? ». Pour l’heure, avec la sortie de l’Ouganda, il faudra certainement attendre de nouveaux éléments du dossier pour se faire une idée précise de la position du pays de Yoweri Museveni dans ce dossier.

La RDC privilégie la voie diplomatique

A la suite de la publication du rapport, le gouvernement de la RDC a réagi en privilégiant la voie diplomatique. C’est ce qui ressort clairement des propos de Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre congolaise des Affaires étrangères. « Evidemment nous sommes préoccupés par ce rapport, nous sommes aussi préoccupés par des sources de nos propres services qui indiquent aussi des tendances similaires. Je pense que dans le cadre de nos liens qui existent entre la République démocratique du Congo et l’Ouganda, les liens bilatéraux assez solides que nous avons, nous allons soulever la question à travers le canal diplomatique évidemment, qui est le mien, mais aussi à travers d’autres canaux ».

Ce n’est pas la position de la coalition Lamuka qui, elle, exige la rupture pure et simple des relations diplomatiques avec l’Ouganda, ainsi que l’annulation de tous les accords de coopération militaire et des accords dans le domaine des infrastructures liant les deux pays.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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