La percussion, aujourd’hui, distille des sonorités accessibles à tous. Elle se veut une musique à part entière. Guem est un ambassadeur qui prône l’universalité de son art. A un mois de la première nuit de la percussion au Zénith de Paris, l’artiste revient sur son parcours et insiste sur la place du « dum-dum » dans le monde musical. Interview.
Ne demandez plus pour qui joue le percussionniste ! Ses mains épousent le cuir pour le plaisir de tous. Sortie du simple rôle d’accompagnement, qu’on lui a longtemps assigné, la percussion s’affirme comme une musique autonome. A l’origine de cette métamorphose, Guem, percussionniste algérien d’origine nigérienne. Africain et citoyen du monde, il définit sa musique comme la » Percussion universelle « . Après avoir sillonné le monde de la musique, il sort en 1973 son premier album Percussions africaines. Depuis, il oeuvre à la promotion de cette musique.
Afrik.com : Vous êtes une référence dans le milieu de la percussion. Y-a-t-il vraiment un style Guem ?
Guem : Oui, tout à fait (rire), je fais beaucoup de compositions. Je m’inspire de sonorités différentes pour aboutir à mon style. Vous savez, c’est comme tout art, il faut une part de créativité et de la rigueur pour un résultat cohérent. J’ai joué par le passé dans des groupes de jazz, de variété et de salsa. Ces sensibilités se retrouvent dans ma musique. Je peux par exemple associer le djembé d’Afrique noire au bongo ou à la conga d’Amérique Latine, tout dépend de l’inspiration.
Afrik.com : Djembé, conga, derbouka, tous ces instruments pour une percussion universelle…
Guem : C’est exactement ça mais chaque instrument correspond à une technique et délivre des notes particulières. La percussion est une grande famille dans laquelle chaque membre concourt à la définition du genre musical. Je donne un exemple. Le violon, le violoncelle et la contrebasse sont de la même famille mais se jouent différemment. La derbouka, c’est comme un violon qui demande beaucoup de doigté. Le djembé comme un violoncelle, avec plus de poigne dans l’approche… Et la conga latine, je l’associe un peu à la contrebasse.
Afrik.com : Dans votre dernier album, Rose des sables, on constate la présence de notes électroniques, c’est une volonté d’ouverture ?
Guem : C’est une ouverture rythmique qui va de soi. Ce n’est pas tant une innovation qu’une volonté de dialogue. La vie, c’est le dialogue. Et comme je le dis souvent, le rythme c’est la vie, et la percussion c’est le corps. Pour livrer le message de la vie, toute rencontre est la bienvenue. C’est vrai que je suis passionné par mon art mais je suis ouvert à d’autres styles de musique.
Afrik.com : Comment expliquez-vous la percée de la percussion ?
Guem : Il est vrai que la percussion a quitté l’arrière-cour pour se retrouver au premier plan. Et cela parce qu’on n’arrête pas d’oeuvrer à sa promotion . Que ce soit moi ou d’autres, à travers nos carrières, on s’est battu pour faire reconnaître la percussion comme musique à part entière. Je me souviens qu’à mes débuts, quand je jouais dans des groupes, je n’étais pas reconnu comme musicien, mais aujourd’hui, je suis fier du résultat obtenu après trente ans.
Afrik.com : Que faites-vous concrètement pour la rendre plus accessible à tous ?
Guem : A la base, la percussion est ouverte à tout le monde. Quand on arrive, on se met à taper. Même celui qui n’a jamais joué peut tout de suite apprendre un rythme. Et pour moi, le premier instrument, c’est le corps. Après, pour devenir bon, il faut travailler. A cet effet, des centres de formations sont ouverts un peu partout.
Afrik.com : La première nuit de la percussion aura lieu le 24 mai prochain au Zénith de Paris. Vous y participez avec, entre autres, Adama Dramé et les Tambours de Brazzaville , n’est-ce pas lassant d’écouter de la percussion durant 2 heures ?
Guem : Non, c’est tout un spectacle riche et varié qui alterne différents styles et tendances. C’est un spectacle vivant, il y a toute une mise en scène. Il y a aussi de la danse car parallèlement à la percussion je donne des cours de danse. Ce sera la fête de la percussion.