Dans la nuit de jeudi à vendredi, le collectif LKP contre la vie chère, à l’origine de la grève générale qui paralyse la Guadeloupe depuis un mois, a accepté de reprendre les négociations avec le patronat. Jeudi, Nicolas Sarkozy a annoncé une série de propositions visant à satisfaire leurs revendications. Les grévistes, méfiants, n’ont pas appelé à la reprise du travail.
La Guadeloupe a connu sa première nuit calme depuis trois jours. Aucun pillage n’a été signalé, et les quelques affrontements qui ont eu lieu entre jeunes et forces de l’ordre n’ont pas fait de victimes. Pour apaiser la situation qui se dégradait sur l’île, Nicolas Sarkozy a reçu jeudi les élus des départements français d’outremer et annoncé dans la foulée une série de propositions pour répondre aux revendications du collectif LKP à l’origine de la grève générale qui paralyse l’île depuis un mois. Nicolas Sarkozy a également annoncé qu’il se rendra sur l’île «dès que le calme sera revenu» pour y ouvrir des états généraux. Et débattre «des grands enjeux» dans chacune des collectivités ultramarines.
Parmi les mesures annoncées, une enveloppe de 580 millions d’euros pour lutter contre la vie chère. Le président français a également proposé un compromis sur les salaires sous forme d’une prime exemptée de charges que le patronat guadeloupéen devrait payer pendant deux ans. L’augmentation des plus bas salaires d’un montant de 200 euros constitue le point d’achoppement des négociations entre le collectif LKP contre la vie chère et les chefs d’entreprises.
Jeudi soir, le LKP a accepté de retourner, dès ce vendredi, à la table de négociation qu’il avait quittée depuis plus d’une semaine. Le collectif reste tout de même sur la défensive par rapport aux mesures annoncées par le gouvernement. « Pour l’heure, les propositions semblent particulièrement floues », a indiqué son leader Elie Domota. Celui-ci a refusé d’appeler à la reprise du travail dans l’île.
« Une carence évidente, manifeste et incontestable »
« Demain, nous débuterons les négociations à 15h00 (heure locale) toujours dans le même esprit, celui de trouver des solutions sur la base du document négocié dans la nuit du 7 au 8 février », a indiqué jeudi soir à l’AFP, Elie Domota. Le Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP) a toujours réclamé un pré-accord que le gouvernement refuse avoir signé.
Réagissant aux propositions du gouvernement, Christiane Taubira, la député de Guyane a dénoncé sur les ondes de la radio RTL, une « carence évidente, manifeste et incontestable» de Nicolas Sarkozy sur le conflit en Guadeloupe. Madame Taubira a dit porté unjuegment « extrêmement sévère » sur les fautes que commet le président Sarkozy et sur «les silences qu’il nous impose comme ça a été le cas notamment en Guadeloupe ». Elle a également reproché au ministre de l’intérieur et de l’Outre-mer, Michèle Alliot-Marie, son silence. « Nous avons même oublié le son de sa voix», a-t-elle ajouté.
Les propositions une fois faites, le plus difficile pour le gouvernement français reste désormais de convaincre le patronat de verser des primes de près de 200 euros aux plus bas salaires. Un refus de leur part remettrait, sans doute, le feu aux poudres.
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