Les activités vont enfin reprendre normalement en Guadeloupe. Le collectif LKP contre la vie chère et les représentants de l’Etat ont conclu, mercredi soir, un protocole d’accord mettant fin à la grève qui paralyse l’île depuis plus d’un mois. Mais les négociations se poursuivent et le collectif appelle ses militants et sympathisants à rester mobilisés.
Au total, la Guadeloupe aura été paralysée pendant 44 jours. Mercredi soir, la grève lancée le 20 janvier dernier par le collectif Lyannaj kont pwofitasyon (LKP) a été suspendue. Elie Domota, le leader du LKP et les représentants de l’Etat ont conclu un protocole d’accord dans ce sens. Les deux parties poursuivront cependant les négociations sur certains points qui n’ont pas encore été examinés.
Le document signé, mercredi soir, comprend 165 articles et reprend les avancées obtenues par le LKP en faveur du pouvoir d’achat des Guadeloupéens. Il porte sur plusieurs questions telles que les prix des produits de premières nécessités, l’emploi, les transports, etc. L’accord signé la semaine dernière, entre le LKP et une minorité de fédérations patronales, a également été ajouté à ce protocole. Dénommé Jacques Bino [[Jacques Bino est le syndicaliste tué par balle, en février, au plus fort de la grève.]], ce contrat prévoit une augmentation de 200 euros nets des bas salaires. Elie Domota avait promis d’«aller d’entreprises en entreprises» pour faire signer cet accord rejeté par le Medef.
La grève générale n’est que suspendue
« Nous restons mobilisés dans les jours, les semaines qui viennent, parce qu’aujourd’hui c’est la lutte qui paie », a déclaré Elie Domota devant une foule rassemblée, mercredi soir, au port autonome de Pointe-à-Pitre où a eu lieu les négociations. L’accord signé avec l’Etat « est une première étape », a-t-il précisé. Mais déjà, le collectif parle d’un « succès indéniable ». Un succès qui, selon Raymond Gama, le responsable des relations extérieures du LKP, joint par Afrik, se mesure par l’unité des Guadeloupéens pendant ce mouvement social, par leur forte mobilisation et par les contraintes imposées à l’Etat. « Nous avons reçu satisfaction à la plupart de nos revendications immédiates », a-t-il rappelé en précisant que la grève générale n’est que suspendue. « Nous organisons un grand déboulé [une marche, Ndlr] samedi pour rappeler que le mouvement continue », a-t-il ajouté.
Ce jeudi, les représentants du collectif devaient faire le tour des entreprises pour sensibiliser les grévistes sur les principaux points de l’accord signé et « envisager, avec eux, dans le cadre de cet accord, une fin du conflit social », indique M. Gama. Ils devraient aussi convaincre certains syndicalistes comme ceux de l’aéroport international de Pointe-à pitre de reprendre leur travail. Même si de nombreuses sociétés sont restées fermées mercredi, la vie reprenait progressivement son cours normal à Pointe-à-Pitre, rapporte l’AFP.
« La dynamique de construction et de développement » a commencé
Willy Angèle le patron du Medef Guadeloupe, cité par le Nouvel Obs, a salué la signature du protocole de suspension de la grève ». D’après lui « la dynamique de construction et de développement », est désormais entamée. L’organisation patronale estime toutefois le coût de la grève générale à « 1 400 dépôts de bilan et 10 000 à 12 000 licenciements ou destructions d’emplois d’ici la fin de l’année.» M. Angèle a, en outre, affirmé que le Medef Guadeloupe a demandé à ses adhérents « d’appliquer de manière unilatérale la prime sur les bas salaires », en attendant une signature branche par branche de l’accord. Le ministre du Budget Eric Woerth, a, quant à lui, indiqué que les aides de l’Etat pour « l’ensemble des territoires d’outre-mer » devraient coûter entre 200 à 250 millions d’euros en 2009.
Alors qu’une sortie de crise semble se dessiner en Guadeloupe et que les négociations avancent en Martinique, un autre conflit social démarre à La Réunion. Des milliers de personnes, selon Le Monde, sont descendus dans les rues, ce jeudi, à l’appel du collectif COSPAR (une quarantaine d’organisations) pour manifester contre la vie chère.
Quoiqu’il en soit, la crise que traverse les DOM ne se limite pas aux questions de vie chère. Et la satisfaction des revendications y afférant pourrait ne pas suffire à éteindre l’incendie social. Education, emploi, transports… nombre de secteurs de ces sociétés sont en souffrance, comme le soulignent les plateformes de revendications rédigées par le LKP et le Collectif du 5 février, en Guadeloupe et en Martinique. Pour résoudre ces problèmes, les partenaires sociaux auront le choix entre le dialogue et la méthode forte, laquelle semble avoir fait ses preuves.