La reprise des négociations attendue ce mardi entre les syndicats, le patronat et l’Etat n’a pas eu lieu. Ce dernier a refusé d’y participer. Lundi soir, les pourparlers entre les différentes parties ont connu un nouvel échec. Elie Domota, le leader du collectif LKP contre la vie chère, a accusé l’Etat de fuir ses responsabilités. Il a appelé au renforcement de la grève.
Situation confuse en Guadeloupe. La reprise des négociations entre les syndicats, le patronat et les représentants de l’Etat, annoncée par le LKP, pour ce mardi à 11h, heure guadeloupéenne (15h GMT), n’a finalement pas eu lieu. Nicolas Desforges, le préfet de la Guadeloupe, a affirmé qu’«aucune réunion plénière » de négociation n’était prévue. Selon ses propos, les médiateurs vont plutôt « procéder à des négociations bilatérales » sur la base des propositions avancées lundi soir. Mais il n’a pas précisé si ces discussions allaient se limiter au patronat et au Liyannaj kont pwofitasyon (LKP).
«Une proposition qui va dans le sens des revendications du LKP»
Lundi soir, après neuf heures de pourparlers, les différentes parties se sont, une nouvelle fois, séparées sans parvenir à un accord. La pomme de discorde reste la même : la hausse des bas salaires de 200 euros revendiquée par les grévistes. Elie Domota, le leader de Liyannaj kont pwofitasyon (LKP), le collectif à l’origine de la grève générale qui paralyse l’île depuis plus d’un mois, est sorti de ces négociations en colère. Il accuse le gouvernement français de fuir ses responsabilités. Il a affirmé que les chefs d’entreprises ont fait « une proposition qui va dans le sens des revendications du collectif. Mais une fois de plus, l’Etat se débine». Il a indiqué que « les choses ne pourront que s’envenimer », si le gouvernement n’apporte aucune réponse. Elie Domota a aussitôt appelé ses partisans au renforcement du mouvement en précisant que c’est « le seul langage qu’ils comprennent ».
Six organisations patronales, selon le LKP, ont approuvé, lundi soir, une proposition prévoyant que l’augmentation de 200 euros réclamée par les syndicats se fasse en deux temps et que la charge soit partagée entre les entreprises, les collectivités locales et l’Etat. D’après l’Union des chefs d’entreprises de Guadeloupe (Uceg), les entreprises et les collectivités locales financeraient, à parts égales, sous forme de prêt, la moitié de cette hausse (100 euros). Cette proposition qui convenait aux grévistes a été rejetée par le Medef, de même que par les représentants du gouvernement. Pour le préfet Nicolas Desforges, « l’Etat n’a pas à financer les augmentations de salaires dans le privé » car, dit-t-il, « cela mettrait par terre le système social français ».
Rien ne nous fera reculer
De son côté, Jean-Yves Ramassammy, qui dirige le collectif des petits entrepreneurs de la Guadeloupe, a insisté : « les PME ne pourront pas répondre toutes seules à cette demande de 200 euros » sans « des mesures d’accompagnement » de l’Etat. Les grévistes eux, sont décidés à maintenir la pression. « Rien ne nous fera reculer », a déclaré lundi soir, Patrice Tacita, un proche d’Elie Domota.
Selon la préfecture de Guadeloupe la nuit de lundi à mardi a cependant été calme. Deux barrages routiers construits au Gosier et à Montebello auraient été détruits par les forces de l’ordre sans violences. Les barricades installées à Baie-Mahault, à une dizaine de km de Pointe-à-Pitre, où les manifestants sont dits « très agressifs », ont également été démantelées ce mardi après le départ des militants.