Quels sont les symptômes du virus H5N1 chez l’homme et comment le soigne-t-on? L’Organisation mondiale de la santé fait le point sur la grippe aviaire chez l’homme. Une pandémie en mutation pour un virus en mutation que la planète redoute.
Chez de nombreux patients, la maladie provoquée par le virus H5N1 évolue de manière étonnamment agressive, avec une dégradation rapide de l’état clinique, et l’on observe un fort taux de létalité. Comme pour la plupart des maladies émergentes, on comprend mal la grippe H5N1 chez l’homme. Les données cliniques provenant des cas de 1997 et ceux de la flambée actuelle permettent de commencer à discerner le tableau clinique, mais il reste encore beaucoup à apprendre. De plus, le tableau actuel pourrait encore changer, compte tenu de la propension de ce virus à muter rapidement et de manière imprévisible.
La durée d’incubation de la grippe aviaire H5N1 pourrait être plus longue que pour la grippe saisonnière normale, de 2 à 3 jours environ. Les données actuelles indiquent qu’elle se situe entre 2 à 8 jours et peut même atteindre éventuellement 17 jours. Toutefois, les possibilités d’expositions multiples au virus font qu’il est difficile de l’établir avec précision. L’OMS recommande actuellement de partir du principe d’une durée d’incubation de 7 jours pour les investigations sur le terrain et le suivi des sujets contacts.
Symtômes
Les symptômes initiaux comportent une forte fièvre, normalement au-dessus de 38 °C, et un syndrome grippal. On a également signalé dans les symptômes précoces des diarrhées, des vomissements, des douleurs abdominales, thoraciques et des saignements du nez et des gencives pour certains patients. La diarrhée aqueuse sans présence de sang semble être plus courante avec la grippe aviaire H5N1 qu’avec la grippe saisonnière normale. La gamme des symptômes cliniques pourrait toutefois être plus large et certains patients confirmés n’ont pas présenté de symptômes respiratoires. Pour deux patients du sud du Viet Nam, le diagnostic clinique a été une encéphalite aiguë et aucun d’eux ne présentait de symptômes respiratoires. Dans un autre cas, en Thaïlande, le patient avait de la fièvre et de la diarrhée, mais pas de symptômes respiratoires. Tous trois avaient des antécédents récents d’exposition directe à des volailles infectées.
Un trait observé chez de nombreux patients est le développement au début de la maladie de manifestations concernant les voies respiratoires inférieures. De nombreux sujets présentent des symptômes d’atteintes de l’arbre respiratoire inférieur lorsqu’ils consultent pour la première fois. D’après ce que l’on sait actuellement, les difficultés respiratoires apparaissent environ cinq jours après les premiers symptômes. On observe fréquemment une détresse respiratoire, une raucité de la voix et des craquements à l’inspiration. La production d’expectorations est variable. Elles sont parfois teintées de sang. On a observé plus récemment, en Turquie, des sécrétions teintées de sang. Presque tous les patients ont développé une pneumonie. Au cours de la flambée de Hong Kong, les patients gravement atteints avaient une pneumonie virale primaire ne réagissant pas aux antibiotiques. Les données limitées sur les patients de la flambée actuelle évoquent la présence d’une pneumonie virale primaire à H5N1, en général sans signe de surinfection bactérienne lorsqu’ils se présentent. Les cliniciens turcs ont également signalé la pneumonie comme l’une des caractéristiques régulières dans les cas graves. Comme ailleurs, ces patients n’ont pas réagi à l’antibiothérapie.
Rapide dégradation clinique
Chez les patients infectés par le virus H5N1, l’état clinique se dégrade rapidement. En Thaïlande, il s’est écoulé environ six jours entre l’apparition de la maladie et le développement d’une détresse respiratoire aiguë, cette période allant de quatre jours au minimum à 13 jours au maximum. Dans les cas graves en Turquie, les cliniciens ont observé une insuffisance respiratoire dans les 3 à 5 jours suivant l’apparition des symptômes. La défaillance multiorganique est une autre caractéristique commune. Au laboratoire, les anomalies couramment observées sont les suivantes : leucopénie (lymphopénie principalement), thrombopénie faible à modérée, élévation des aminotransférases et, dans certains cas, coagulation intravasculaire disséminée.
On a quelques raisons de penser que certains antiviraux, en particulier l’oseltamivir (commercialisé sous le nom de Tamiflu) peut réduire la durée de la réplication virale et améliorer les perspectives de survie, dans la mesure où il est administré dans les 48 heures suivant l’apparition des symptômes. Toutefois, avant la flambée en Turquie, on n’avait détecté et donc traité la plupart des patients qu’à un stade tardif et, pour cette raison, on ne dispose que de données limitées sur l’efficacité clinique de l’oseltamivir. Par ailleurs, ce médicament et d’autres antiviraux ont été mis au point pour le traitement et la prévention de la grippe saisonnière, maladie moins grave au cours de laquelle la réplication virale dure moins longtemps. Il faudrait examiner d’urgence la posologie optimale et la durée du traitement à recommander pour la grippe aviaire H5N1, ce qu’a entrepris l’OMS.
A traiter le plus tôt possible
Dans les cas suspects, il convient de prescrire le plus vite possible l’oseltamivir (de préférence dans les 48 heures suivant l’apparition des symptômes) pour en optimiser les bienfaits thérapeutiques. Cependant, compte tenu de la mortalité importante que l’on associe actuellement aux infections à H5N1 et de la durée prolongée de la réplication virale, on peut aussi envisager d’administrer ce médicament chez les patients se présentant à un stade plus tardif.
On trouvera sur le site Web du fabricant des informations sur la posologie recommandée actuellement pour l’oseltamivir dans le traitement de la grippe. Pour l’adulte et l’adolescent de plus de 13 ans, elle est de 150 mg par jour en deux prises de 75 mg pendant 5 jours. Ce médicament n’est pas indiqué pour traiter les enfants de moins d’un an.
Comme la réplication virale pourrait être prolongée en cas d’infection à H5N1, les cliniciens devraient envisager une durée du traitement allant de 7 à 10 jours en l’absence de réaction clinique du patient. En cas d’infection sévère par le virus H5N1, ils pourront aussi considérer une augmentation de la dose quotidienne ou de la durée de traitement, en gardant à l’esprit qu’à partir de 300 mg par jour, les effets secondaires augmentent eux aussi. Pour tous les patients traités, il faut envisager de prélever des séries d’échantillons cliniques aux fins d’analyses ultérieures afin de suivre l’évolution de la charge virale, d’évaluer la sensibilité au médicament et les niveaux pharmacologiques. Ces échantillons ne seront prélevés qu’en mettant en œuvre les mesures anti-infectieuses appropriées.
Le Viet Nam reste à ce jour le pays le plus touché
A ce jour, on a signalé des cas humains dans sept pays, pour la plupart en Asie : Cambodge, Chine, Indonésie, Iraq, Thaïlande, Turquie et Viet Nam. Les premiers patients de la flambée actuelle, notifiés au Viet Nam, ont développé les symptômes en décembre 2003, mais l’infection à virus H5N1 n’a pas été confirmée avant le 11 janvier 2004. La Thaïlande a signalé ses premiers cas le 23 janvier 2004. Le Cambodge a notifié son premier cas le 2 février 2005. Le pays suivant a été l’Indonésie, qui a confirmé l’infection pour la première fois le 21 juillet. Les deux premiers cas chinois ont été annoncés le 16 novembre 2005. La confirmation des premiers cas en Turquie s’est produite le 5 janvier 2006, à la suite de quoi le premier cas en Iraq a été notifié le 30 janvier 2006. Tous les cas humains ont coïncidé avec des flambées de grippe aviaire H5N1 hautement pathogène dans les populations de volailles. Avec plus de 90 cas, le Viet Nam reste à ce jour le pays le plus touché.
Globalement, plus de la moitié des cas confirmés en laboratoire ont été mortels. La grippe aviaire H5N1 reste une maladie rare chez l’homme, mais elle doit être surveillée et étudiée avec attention en raison de sa gravité et, plus particulièrement, du potentiel du virus pour évoluer d’une manière qui lui permettrait de déclencher une pandémie.
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