C’est un revirement de situation pour les employés grévistes du site d’ArcelorMittal, situé à Annaba, à l’est de l’Algérie. La direction de ce complexe sidérurgique a déposé, dimanche, une plainte pour suspendre cette grève qu’elle juge « illégale ». Depuis mardi dernier, 7200 salariés protestent contre la fermeture envisagée de la cokerie. La décision du juge d’instruction chargé de l’affaire est attendue mercredi dans la journée.
« La direction d’ArcelorMittal a introduit devant le tribunal d’El Hajdar une demande visant à la suspension de la grève », a déclaré, lundi, à l’AFP le chargé de communication d’ArcelorMittal, Mohamed Guedha, joint par téléphone. Telle est la réponse du géant indien de la sidérurgie à la mobilisation des employés du site d’Annaba, situé à l’est de l’Algérie. Pour l’heure, le juge d’instruction en charge de cette affaire ne s’est toujours pas prononcé et continue ses auditions, suite au dépôt de plainte de la direction d’ArcelorMittal. Il devrait rendre sa décision mercredi dans la journée.
Une grève illégale des travailleurs ?
Malgré son action en justice visant « à faire reconnaitre l’illégalité » de la grève dans cette filiale de ce complexe sidérurgique, la direction d’ArcelorMittal affirme « rester ouverte à la discussion ». Une attitude que contestent les employés. « Ils n’ont] à au aucun moment favorisé le dialogue, auquel nous n’avons cessé d’appeler. Et aujourd’hui, on nous menace de ne pas payer les salaires, allant jusqu’à qualifier la grève d’illégale », explique un syndicaliste interrogé par [Continental news.
Depuis mardi dernier, 7200 travailleurs, à l’appel de leur syndicat d’entreprise affilié à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), ont décidé de protester contre la fermeture de la cokerie [[Un site qui produit de la coke, une carbonisation du charbon à l’abri de l’air.]] qui emploie 320 salariés. Ils souhaitent que le plan global de la direction, d’un montant de 200 millions de dollars pour la période 2010-2014, inclut la rénovation de ce site estimé à 40 millions de dollars. Une perte d’argent, selon les dirigeants d’ArcelorMittal. « Le plan est axé sur le cœur de notre métier, la cokerie n’est pas indispensable au fonctionnement de l’usine », avait précisé la direction dans un communiqué, la veille de la grève. « On peut très bien importer tout le coke nécessaire comme cela se faisait avant la mise en service de la cokerie en 1972 », a ajouté M. Guedha.
Sider à la rescousse
De son côté, le PDG du groupe public algérien Sider, actionnaire à hauteur de 30% d’ArcelorMittal, tente de faire plier la direction. Il a décidé mardi de participer pour 30% au plan d’investissement du complexe afin que les dirigeants puissent rénover la cokerie. Objectif de cette décision : préserver les emplois des centaines de salariés dans un pays fortement touché par le chômage. Pour l’heure, « l’usine n’aurait pas encore reçu la copie de cette décision de Sider », a affirmé M. Gueddah.
Les grévistes, eux, ne désarment pas et maintiennent le mot d’ordre de grève. Ils étaient d’ailleurs plusieurs à s’être rendus, lundi, devant le tribunal d’El Hadjar pour faire entendre leurs voix. « Nous faisons confiance à la justice et nous espérons que cette dernière nous donne raison, car nos revendications consistent à amener les intervenants de tout bord à préserver l’outil de production et par-delà les emplois des 7200 travailleurs », a assuré à Continental News, Smaïn Kouadria, le secrétaire général du syndicat d’entreprise.