Une porte vers la régularisation s’entrouvre pour les travailleurs sans-papiers, dont près de 600 sont en grève illimitée depuis mardi dernier. Le gouvernement s’est enfin décidé à réagir face à l’ampleur de la mobilisation. Une réunion s’est déroulée lundi soir au Ministère de l’Immigration en présence d’une délégation de la CGT (Confédération Générale du Travail).
Bonne nouvelle pour les grévistes sans-papiers : le ministère de l’Immigration, dont Brice Hortefeux a la charge, a assuré que leurs dossiers seront « étudiés positivement ». C’est ce qu’a indiqué Francine Blanche, secrétaire nationale de la CGT (Confédération Générale des Travailleurs), au sortir d’une réunion lundi soir avec Thierry Coudret, directeur de cabinet de M. Hortefeux. « Nous avons pas mal avancé, on a peut-être devant nous une sortie de crise », a déclaré Francine Blanche à l’AFP.
Une brèche s’ouvre ainsi pour les sans-papiers en grève depuis mardi dernier. Les consignes sont claires. D’ici mercredi soir, les papiers de ces grévistes devront être présentés aux cinq préfectures concernées en Ile-de-France (Paris, 91, 92, 93, 94). Des guichets seront spécialement ouverts. «Il appartient aux préfets d’apprécier au cas par cas les demandes de régularisation», a maintenu dimanche le ministre du Travail, Xavier Bertrand, sur Canal+. Il n’est donc pas question d’une régularisation massive. Les dossiers seront étudiés sur la base de documents fiables prouvant leur statut de travailleur (fiches de paie, contrats de travail, promesses d’embauche). Les travailleurs non déclarés pourront bénéficier de ces régularisations s’ils peuvent produire des pièces attestant de leur relation avec un employeur. Tout ceci « dans les domaines dans lesquels nous avons besoin de spécialités que nous ne pouvons nous-mêmes dégager sur le marché », a déclaré le porte-parole de l’UMP, Dominique Paillé, reprenant ainsi la position exprimée par son parti et la plupart des membres du gouvernement. Seule Fadela Amara, secrétaire d’Etat à la Ville, soutient publiquement cette grève.
Un coup d’éclat pour la CGT
Cependant, le PS, le PCF, Lutte Ouvrière (LO), les Verts, la Ligue des droits de l’homme (LDH), SOS Racisme, la FSU (principal syndicat de l’enseignement) ou encore l’UNEF (premier syndicat étudiant) se sont ralliés à la cause. Fait atypique, deux syndicats patronaux de l’hôtellerie-restauration, le Synhorcat (Syndicat National des Hôteliers Restaurateurs Cafetiers et Traiteurs) et l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) ont aussi rejoint les positions de la CGT.
La grève dure depuis une semaine et s’est vite étendue. Selon les chiffres de la CGT et de l’association Droit Devant !, entre 500 et 600 travailleurs sans-papiers d’une vingtaine d’entreprises ont décidé de se mettre en grève depuis mardi 15 avril. Les secteurs de la restauration de la sécurité et du nettoyage sont les plus touchés. Dit « en tension », ces secteurs d’activités peinent à recruter et la main d’œuvre clandestine s’avère être une bonne solution de remplacement.
Pour Jean-Claude Asmara, porte-parole de l’association Droits devant!, qui a lancé le mouvement avec la CGT et quelque 300 salariés le 15 avril, M. Bertrand est le « seul et unique interlocuteur ». «Ce n’est pas une histoire d’immigration, c’est d’abord une histoire de travailleurs, de droit du travail», s’est-il expliqué avant d’ajouter qu’« il y a le mot « travailleur » avant le mot « sans-papiers » ».
Enfin, à Lille, une marche des sans-papiers est organisée du 19 avril au 10 mai. Certains se disent prêts à rejoindre leurs collègues parisiens à pied et devraient passer par Valenciennes, Douai, Lens, Arras et Amiens. 200 personnes ont entamé la marche samedi de Lille à Séclin (16km). Cependant, Francine Blanche affirme que les grèves continueront jusqu’à ce que le syndicat ait « la certitude que l’examen des dossiers avance bien dans les préfectures ».