Des étudiants de l’université d’Oxford en Grande-Bretagne militent pour que les statues consacrées à Cecil Rhodes, considéré comme le symbole de l’oppression contre les Noirs en Afrique du Sud, soient supprimées. Une situation loin d’être du goût de Frederik De Klerk, l’ancien Président sud-africain.
Des étudiants de l’université d’Oxford en Grande-Bretagne militent pour la suppression des statues consacrées à Cecil Rhodes, considéré comme le symbole de l’oppression contre les Noirs en Afrique du Sud. Cette campagne britannique est portée par au moins 2 300 étudiants qui ont signé la pétition appelant à faire tomber la statue, estimant que cette figure du colonialisme britannique « va à l’encontre de la culture d’intégration » d’aujourd’hui.
Cette initiative fait suite à celle qui a abouti au retrait, en avril, d’une autre statue de Cecil Rhodes de l’Université du Cap, en Afrique du Sud. Des étudiants y voyaient alors un symbole de l’oppression imposée par la minorité blanche qui a dominé l’Afrique du Sud jusqu’en 1994.
Le mouvement lancé en Grande-Bretagne reprend donc leur slogan de l’époque, « Rhodes must fall » (« Rhodes doit tomber »), en y ajoutant « à Oxford », où l’ancien magnat des mines est à l’origine d’une bourse qui porte son nom.
Une initiative vue d’un mauvais œil par l’ancien Président sud-africain Frederik De Klerk. Prix Nobel de la Paix en 1993 aux côtés de Nelson Mandela, selon lui, « si le politiquement correct devait être appliqué aujourd’hui de manière cohérente, peu de grandes figures d’Oxford passeraient la rampe ». L’ancien Président sud-africain s’exprimait ainsi dans une lettre au quotidien The Times.
Frederik De Klerk va plus loin, évoquant une « sottise ». D’après lui,« nous ne commémorons pas les figures historiques pour leur capacité à satisfaire aux conceptions actuelles du politiquement correct mais pour leur véritable impact historique ». « Mon peuple, les Afrikaners, a de bonnes raisons de détester Rhodes plus que quiconque. Il fut l’architecte de la guerre des Boers qui a eu un impact désastreux sur notre peuple », a ajouté Frederik De Klerk. « Pourtant, le gouvernement du Parti national n’a jamais pensé retirer son nom de notre histoire », a-t-il dit dans une référence à son ancien parti.
De son côté, la réponse de Julius Malema, ex-leader de la jeunesse de l’ANC, qui a créé son propre syndicat après avoir été exclu du parti au pouvoir, a estimé, dimanche, sur son compte Twitter que « la défense de la statue de Rhodes par De Klerk démontre qu’il ne mérite pas le prix Nobel de la paix reçu en commun avec Nelson Mandela parce que ses vues correspondent à un homme qui n’est pas repenti de l’apartheid ». Selon lui, « l’université d’Oxford ne devrait pas écouter Frederik De Klerk, dont l’ambition est de devenir une statue lui-même ». Autant dire que la polémique autour des statues de Rhodes Cecil est loin d’être terminée.