« Graine d’espoir » : une revue dédiée au monde rural malien


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Mahamane Garba Touré (en blanc), à Bruxelles le 20 octobre dernier, lors de la remise des prix Harubuntu

Graine d’espoir, pour sensibiliser et informer les acteurs du monde rural au Mali. La revue, lancée en 2007 à Gao et à vocation régionale au moment de sa création, s’avère un précieux outil de communication pour le secteur agricole.

« La Terre n’a pas soif de sang, mais de la sueur des hommes », c’est le slogan du mensuel d’informations malien consacré au monde rural Graine d’espoir. Editée à Gao, dans l’Est du pays, la revue est l’expression du militantisme de deux hommes qui croient et œuvrent au développement de l’agriculture dans leur région, et plus largement dans leur pays. Mahamane Garba Touré, le directeur de publication et rédacteur en chef de Graine d’Espoir, l’a pensé. Ousmane Mamadou, ingénieur agronome et directeur du Centre de formation professionnelle pour la promotion de l’agriculture au Sahel (CFP-PAS) lui donne les moyens d’exister.

Deux militants de la cause agricole

Mahamane Garba Touré est ingénieur des Eaux et forêts. Après ses études en Russie en 1999, il revient au Mali et collabore à la mise en place de plusieurs projets de développement dans son pays. Plus tard, il se tourne vers le journalisme. Il prête sa plume à l’hebdomadaire malien Le Continent et au mensuel Aïr Infos. En 2006, il décide de revenir s’installer dans sa région natale, Gao, ville située sur les bords du fleuve Niger où la riziculture est l’une des activités principales. Son autre particularité, c’est le centre de formation agricole qu’elle accueille. Mahamane Garba Touré mettra son expérience et son savoir au service du CFPPAS. Il y devient chargé de cours et un projet commence à germer dans son esprit : la création d’un groupe local de presse rurale qui forme, informe et sensibilise sur les actions menées à l’échelle nationale dans le secteur agricole. « J’avais constaté qu’il y avait un déficit de communication en la matière. Je voulais lancer un support d’information qui se consacre au développement local tout en se faisant l’écho des initiatives nationales pour le développement du monde agricole au Mali. Une revue qui de, façon critique, apprécierait la dimension locale de toutes ses initiatives, notamment au vu de la manière dont elles se traduisent sur le terrain. Notre démarche s’apparente à un devoir vis- à-vis du monde rural.»

Le mensuel s’interroge ainsi sur l’adéquation de la politique agricole nationale et des besoins immédiats des populations concernées. « Au Mali, la tendance est aujourd’hui au développement de biocarburants comme le jatropha. Ici, les paysans sont habitués à d’autres espèces et la priorité devrait plutôt être donnée au développement du vivrier et à la diversification des cultures. »
Le premier numéro du journal voit le jour en juin 2007 grâce à Ousmane Mamadou. Il est le directeur-fondateur du CFPPAS et il est convaincu que chacun de ses étudiants, au sortir de leur formation, peut créer son entreprise : la clé du développement selon lui. Quelque 500 élèves et une quarantaine de professeurs reçoivent et transmettent leur savoir agricole.
« Ousmane et moi avons pensé que la revue viendrait en complément de la formation que reçoivent les élèves au centre ». Ousmane Mamadou

«Réhabiliter les techniques locales»

Graine d’Espoir essaie en une trentaine de pages, selon Mahamane Garba Touré, de « se faire l’écho de l’actualité rurale au niveau local, de parler de techniques agricoles performantes mais qui ont tendance à se perdre. C’est l’exemple de celles relatives à la conservation des semences. Nous voulons réhabiliter les techniques locales.» Graine d’Espoir dénonce aussi des pratiques qui nuisent aux paysans. « Pendant la période de soudure, explique son rédacteur en chef, les commerçants font signer aux agriculteurs des documents qui les engagent à payer leurs dettes en nature. Mais il se trouve que la valeur de leur récolte peut valoir deux, voire trois fois leur dette. Ce genre de pratique est très courant dans la sous-région ».

Tirée à 1000 exemplaires et vendue à 500 F CFA (environ 70 centimes d’euros), la parution n’est pas encore économiquement viable. « Mais elle suscite un grand engouement dans le monde rural au Mali », note Mahamane Garba Touré. Le directeur de publication entend élargir son lectorat, avec l’introduction de langues sous-régionales. En attendant, l’un des coups de coeur du concours Harubuntu 2008, qui vise à mettre en valeur les potentiels africains, contribue à la préservation du patrimoine agricole africain au moment où ce secteur s’avère de plus en plus vital pour les économies du continent.

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