Goût Bagayoko


Lecture 2 min.
arton6070

Jusque-là musicien pour les autres, N’Gou Bagayoko enregistre avec  » Kulu  » son premier album solo. A 48 ans, le guitariste malien officie pour son propre compte et signe un album acoustique de toute beauté en développant un blues africain dépouillé chargé de force et d’authenticité. Impératif.

 » Simple  » et  » beau  » sont les deux premiers mots qui nous viendraient à l’esprit pour qualifier la première production solo de N’Gou Bagayoko. Le guitariste malien nous invite, avec Kulu, à découvrir un univers dans lequel on glisse avec délice. Il y a une vérité et une sensibilité dans la musique de l’artiste qu’on ne retrouve que chez les plus grands. Artisan d’un blues authentique et singulier, il a séduit Frédéric Galliano, l’un des grands noms français de la musique électronique, qui lui a aussitôt proposé d’enregistrer sur Frikyiwa, son label africain. Le moins que l’on puisse dire est que Fred à vraiment l’oreille puisque N’Gou s’impose comme l’un des piliers de la jeune collection.

C’est en famille que le guitariste façonne sa musique. Lien de sang, avec sa fille, Ramatta Doussou, à la voix si pure, invitée au micro sur les titres  » Kulu  » et  » Yala « . Lien artistique, avec la grande Nahawa Doumbia qui prête sa voix haute perchée aux morceaux  » Bakari Bamba  » et  » Dogotorow « . Rien d’étonnant à ce que la diva malienne soit présente sur l’album, N’Gou n’est autre que son fidèle chef d’orchestre.

Dialogue musical

Mais, à côté du phrasé impeccable de la guitare acoustique de N’Gou, la plus belle contribution de l’album reste celle de Filifin et son kamélé’n goni (harpe africaine). Plus qu’un simple invité, Filifin est véritablement la clé de voûte de l’univers de N’Gou. Dialogue entre les deux instruments, la guitare et le kamélé’n goni échangent dans une langue commune, intimiste, qui peut très bien se suffire à elle-même et se passer d’accompagnements vocaux, comme en témoigne le magnifique instrumental  » Cle « , au début de l’opus.

C’est d’ailleurs à l’occasion de la rencontre entre N’Gou Bagayoko et Filifin que Frédéric Galliano a remarqué ce dernier et a tenu à le faire entrer en studio pour lui faire enregistrer lui aussi sa toute première production. Kulu regroupe ici les deux talentueux artistes pour un résultat sans équivoque : une parfaite réussite. Le genre de disque à écouter en boucle chez soi pour habiller le silence avec N’Gou et élégance.

N’Gou Bagayoko, Kulu, production Frikyiwa, distribution Nocturne 2003

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News