Le festival international Gospel & Racines a démarré, dimanche, dans une ambiance très chaleureuse en présence du chef de l’Etat béninois, Mathieu Kérékou. Atmosphère qui s’est maintenue tout au long des deux premières journées du festival. Morceaux choisis.
Le lancement officiel du Festival International Gospel & Racines s’est déroulé, dimanche dernier, en présence du Chef de l’Etat béninois, le Président Mathieu Kérékou. L’émotion était à son comble pour cette cérémonie à laquelle assistait l’ancien président béninois, Emile Derlin Zinsou. La magie s’est poursuivie, entre autres, avec Nicoletta et Youssou N’Dour, marraine et parrain du festival qui se sont respectivement produits lundi et mardi dernier. La grâce des danseurs du conservatoire national d’Abomey, le punch du mythique groupe de gospel américain, le Golden Gate Quartet et l’à-propos du célèbre parolier béninois, Sagbohan Danialou ont impressionné, dimanche, le public de la salle de spectacle du Palais des Congrès de Cotonou dont la quasi totalité des 1 200 places étaient occupées. L’esclavage est un « péché commun entre Noirs et Blancs. Les Noirs disent que c’est de la faute des Blancs mais ce sont eux qui ont vendu leurs fils les plus valides », constatera Sagbohan Danialou dans sa chanson dédiée à l’événement.
Pourvu que ça dure.
Dans son discours d’ouverture, le directeur du Festival, Simon Adovelande, notera que le festival est un « moment privilégié de rencontre du peuple noir disséminé à travers le monde ». Pour le président béninois, la réconciliation, objet de la manifestation, ne doit pas être seulement avec la diaspora mais aussi entre les Béninois car dit-il « les petits conflits sont source de grands conflits ». Et puis cette prophétie pleine d’espoir de Mathieu Kérékou : « Le jour où l’Afrique sera réconciliée », elle deviendra la « locomotive du monde ». Un président envoûté par la prestation du Golden Gate Quartet. Il refusera de quitter la salle du palais des Congrès après les trente minutes de présence prévues par son protocole après la cérémonie officielle. Il ne sera pas le seul ! La salle aussi est conquise. Elle ne résistera pas au célèbre refrain éponyme du classique de Gospel intitulé Amen. De même que Nicoletta, marraine du festival qui se laisse aller à un duo improvisé avec Clyde Wright du Quartet.
Au sortir de la cérémonie, Emile Zinsou commentera : « C’est une belle cérémonie ! Mais il faut que l’esprit qui anime les gens aujourd’hui aille au delà ». Pérennité, c’est le principal souhait des personnes qui ont assisté à la cérémonie d’ouverture. Pour ce résident français d’origine béninoise qui vient chaque fois au Bénin pour participer au Festival, « c’est l’occasion aussi pour les Noirs vivant à l’étranger de se retrouver ». Ou encore pour Pascal, retraité de soixante ans. « L’événement doit se renouveler tous les ans afin que la réconciliation puisse se consolider ». Pour ce dignitaire du royaume Yoruba de Porto Novo, son vœu est de voir revenir ses frères de la diaspora. « Il est important qu’ils sachent qu’ils ont de la famille ici et qu’ils sont attendus ». Comme la famille Jah, rastafari, volontaire au retour, qui déplore cette année, que la parole n’ait pas été donnée aux personnes de la diaspora.
Une salle embrasée
« C’est peut-être parce qu’ils sont venus plus tard. Mais il n’en demeure pas moins qu’il est important que tout le monde soit associé. Il faut que nous puissions écrire ensemble cette page d’histoire au delà de tout préjugé ». Dans tous les cas, le Pasteur Fitz Barclay s’est promis d’être le porte-voix du festival dans la communauté africaine-américaine, qui dit-il, « ne connaît pas forcément l’existence de ce festival. Je suis très impressionné par la représentation de la diaspora ». Lui même, venu au Bénin dans le cadre d’une mission d’évangélisation, a découvert le festival par hasard. Un manque d’information auquel l’organisation non gouvernementale pour la réconciliation et le développement créée, en avril dernier à Bâton Rouge en Louisiane (Etats-Unis), devrait bientôt remédier.
La cérémonie d’ouverture avait donc donné le ton. Car Nicoletta, Cindy Thompson (Ghana), Dupe Olulana (Nigeria) et O’Nel Mala (Côte d’Ivoire) ont enflammé, lundi, la salle des spectacles du palais des Congrès. L’ambassadrice française du Gospel a encore séduit, trente ans après, entre autres, avec son intemporel Mamie Blue, une version gospel de Quand on a que l’amour de Jacques Brel et un magnifique Ave Maria. Les Béninois ont été également conquis par Dupe Olulana. Avec elle, Dieu a été loué dans toutes les langues : fon, yoruba, français et anglais. La température est montée d’un cran le lendemain avec Youssou N’Dour. L’artiste était également entouré d’artistes béninois : Johnny Sourou, Choeur Voices et Chœur d’enfants. Le prince du Mbalax, comme à son habitude n’a pas déçu son public, notamment les Sénégalais venus nombreux assister au spectacle. Mathieu Kérékou, en a d’ailleurs vu de toutes les couleurs avec les déhanchements suggestifs des danseuses du musicien qui n’ont pas hésité à lui montrer de près leurs talents. Ce mercredi, le festival se poursuivra à Porto-Novo, la capitale politique béninoise. Ce seront les dernières prestations de Youssou N’Dour et de Dupe Olunala, pour cette deuxième édition de Gospel et Racines. O’Nel Mala les accompagnera.
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