
Le CICR a évacué de Goma à Kinshasa plus de 800 militaires congolais désarmés, leurs familles, et des policiers, réfugiés après la prise de la ville par le M23. Cette opération humanitaire, coordonnée avec le gouvernement, la MONUSCO et le M23, intervient alors que les troupes de la SADC entament leur retrait face à l’échec de leur mission.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé une opération humanitaire d’envergure en République démocratique du Congo (RDC), évacuant de Goma vers Kinshasa plusieurs centaines de militaires et policiers congolais désarmés ainsi que leurs familles. Ces derniers s’étaient réfugiés sur la base de la MONUSCO (Mission de l’ONU en RDC) après la prise de Goma, capitale du Nord-Kivu, par les rebelles du M23 le 26 janvier 2025.
Cette évacuation, à la demande conjointe du ministère congolais de la Défense, de la MONUSCO et du M23 (regroupé sous l’Alliance du Fleuve Congo – AFC), vise à désamorcer une situation humanitaire et sécuritaire critique. Le CICR, agissant comme intermédiaire neutre, assure la coordination logistique sans intervenir sur les modalités politiques de l’accord.
Plus de 800 soldats et policiers concernés
Parmi les évacués figurent plus de 800 militaires, dont trois généraux, et une centaine de policiers. Les autorités congolaises prendront leur relais à Kinshasa. En parallèle, un premier groupe de soldats étrangers – principalement sud-africains, tanzaniens et malawites – membres de la force régionale de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe), a également quitté Goma via le Rwanda vers la Tanzanie.
Cette force, déployée en décembre 2023, n’a pas réussi à enrayer l’avancée du M23 et commence un retrait progressif qui devrait durer jusqu’à fin juin 2025. La mission, baptisée SAMIDRC, comptait environ 1 300 soldats. Le CICR n’a pas dévoilé les détails des itinéraires d’évacuation pour des raisons de sécurité.
Un retrait régional perçu comme un échec
Le retrait de la SADC est perçu comme un échec stratégique majeur. Il intervient après la perte successive de Goma et de Bukavu et la mort de 18 soldats, dont 14 Sud-Africains, ce qui a suscité une vive polémique en Afrique du Sud sur l’opportunité de cette intervention. Ce retrait fait suite à une décision prise lors d’un sommet extraordinaire de la SADC, le 13 mars 2025, où les dirigeants régionaux ont exprimé leur inquiétude face à la détérioration sécuritaire de l’Est de la RDC.
À Kinshasa, le Président Félix Tshisekedi, bien qu’ayant salué l’engagement de la SADC, se retrouve dans une impasse : sans appui militaire significatif, il envisage de relancer des négociations via les processus de paix de Luanda et de Nairobi, avec le soutien potentiel de l’Angola. Cette ouverture vers le dialogue contraste avec la ligne dure précédemment adoptée à l’égard du M23.
L’appel de Kabila à une solution congolaise
L’ancien Président Joseph Kabila a profité de la crise pour appeler à un recentrage sur des solutions exclusivement congolaises. Selon lui, seule une réponse initiée par les Congolais peut restaurer une paix durable. Il plaide pour le retrait de toutes les forces étrangères de l’Est du pays, comme cela avait été fait en 2001 à son arrivée au pouvoir.
Il critique par ailleurs l’intervention militaire sud-africaine et appelle à une approche panafricaniste, affirmant que les causes du conflit sont aussi politiques, sociales et morales.